Le 15 juin 2021
Un cinéma rare, sorti de Mongolie, où l’enfance est mise à l’honneur et s’érige en symbole d’une communauté nomade, dont la modernité voudrait arracher les terres. Splendide.
- Réalisateur : Byambasuren Davaa
- Acteurs : Bat-Ireedui Batmunkh, Enerel Tumen, Yalalt Namsrai
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand, Mongol
- Distributeur : Les Films du Préau
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Veins Of The World
- Date de sortie : 16 juin 2021
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Résumé : En Mongolie, le père d’Amra, chef des derniers nomades, s’oppose aux sociétés minières internationales à la recherche d’or dans les steppes. Après sa mort dans un tragique accident, son fils entreprend de continuer son combat mais avec les moyens d’un garçon de 12 ans…
Critique : Au milieu de ces grandes terres vermeilles, bordées de montagnes, une voiture chemine sur les chemins poussiéreux. La modernité est déjà là, dans ces espaces immenses, que des industriels voudraient conquérir au mépris des communautés nomades qui y vivent encore, derrière leur yourte. Les hommes militent pour garder le privilège de leur terre, mais la pression est si grande, et le besoin d’argent si important, qu’ils finissent pas lâcher prise et céder aux capitalistes contre quelques deniers. Les racines du monde réécrit une nouvelle fois cette opposition croissante entre les entrepreneurs épris de richesse et les gens de peu qui survivent de leurs maigres récoltes. On a déjà vu mille fois ce débat au cinéma, et pourtant, cette fois, la langue mongole et le portrait de cet enfant, tout autant rêveur que militant, donnent à ce combat politique et culturel une toute autre portée.
- Copyright Les Films du Préau
Indéniablement, ce qui saute immédiatement aux yeux du spectateur, c’est l’immense beauté des images. La nature est omniprésente et les personnages qui la composent font presque objets de figurants. Le héros principal demeure ces contrées multicolores, dont on ressent le parfum tiède et le soulèvement du vent. Les fleurs, les brebis, les herbes rases, les chevaux composent un univers régulier et cohérent, que les machines de guerre, pilotées par des capitalistes sans scrupule, défigurent peu à peu. Pourtant, le cinéaste n’offre pas une œuvre manichéenne. Même les populations nomades, soucieuses de la tradition, se retrouvent happées par la tentation de la richesse et de la modernité. L’existence qu’ils mènent n’a pas la force que le modèle urbain et le confort pourraient leur opposer. Et c’est tout l’enjeu de ce récit fascinant qui tente de réconcilier la tradition et le progrès.
- Copyright Les Films du Préau
Byambasuren Davaa offre un film poétique et apaisant. La tableau qu’il dresse de cette famille mongole est touchant et réconfortant. Certes, on pourrait y voir une caricature de la famille idéale, vent debout contre les vampires de la finance. En réalité, le long métrage est l’occasion d’amener le spectateur à chercher l’essentiel, à se défaire des ornements futiles, pour approcher une certaine vérité en lui-même. En ce sens, Les racines du monde, dont le titre ne trompe pas, constitue un essai proprement spirituel où chacun d’entre nous est convoqué dans un cheminement personnel, tourné vers un monde plus juste. Le petit héros, à la voix magnifique, devient une sorte d’icône d’un projet qui rend possible l’attrait de la ville et du progrès, ainsi que la conservation des croyances ancestrales et des traditions. Le film ramène à ces débats contemporains, accrus depuis la crise sanitaire, d’un monde plus soucieux des uns et des autres, et d’une restructuration des sociétés préoccupées de l’environnement, du vivre-ensemble, d’une économie circulaire.
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