Ecce homo
Le 24 octobre 2015
En quelques grossiers coups de pinceaux, Alain Cavalier peint à l’aide de sa caméra les fantasmes anthropomorphiques des passionnés d’équidés. La toile est harmonieuse, à défaut d’être lucide.
- Réalisateur : Alain Cavalier
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 28 octobre 2015
L'a vu
Veut le voir
En quelques grossiers coups de pinceaux, Alain Cavalier peint à l’aide de sa caméra les fantasmes anthropomorphiques des passionnés d’équidés. La toile est harmonieuse, à défaut d’être lucide.
L’argument : Chaque jour, de bon matin, Bartabas travaille son cheval préféré Caravage. Tous les deux ont une conversation silencieuse où chacun guide l’autre. Atteindront-ils une certaine perfection qui les autorise à se présenter devant un public ? Traverser les pépins de santé, se remettre de séances ratées, s’affiner, goûter la joie d’un sans faute. Le cinéaste est admis à être témoin de cette intimité. A la longue, c’est la naissance d’un trio où les coeurs sont ensemble. Le spectateur en fera peut-être un quatuor.
Notre avis : Dans la brume du petit matin, au Fort d’Aubervilliers, siège du théâtre équestre Zingaro, l’écuyer Bartabas répète inlassablement la même chorégraphie muette avec son cheval Le Caravage. Piaffé, pas espagnol, passage... L’animal, baptisé d’après le célèbre peintre italien, est suspendu aux inflexions de la voix de son maître. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Encore. A l’aube comme à la nuit tombante, le cheval à la robe isabelle se plie aux volontés de son propriétaire.
© Pathé Distribution
À l’écurie, Le Caravage bénéficie de toutes les attentions auxquelles un cheval peut prétendre. Douché, frotté, palpé, brossé, tressé, massé, sellé, il jouit des attentions journalières que lui accordent les palefrenières. Alain Cavalier, s’oubliant dans l’ombre de sa caméra, n’échange que quelques paroles de convenances avec les travailleuses et ne met en scène que leurs soins envers le cheval. Conscientes d’être filmées, coquettes sans le vouloir, les jeunes femmes s’appliquent à montrer, à travers leurs gestes, tout l’amour qu’elles portent à la bête.
Le Caravage hennit, défèque et se soulage, donne des coups de sabot et s’ébroue, indifférent. On le surprend fugacement à regarder par la fenêtre de son box. On aurait vite fait de lui prêter des envies anthropomorphes de liberté. Le documentaire, quasiment dénué de toutes paroles, expose le quotidien de ce magnifique cheval à travers une symphonie de cliquetis de selles, de claquements de bottes et de renâclements.
© Pathé Distribution
Il apparaît plus qu’évident qu’Alain Cavalier a voulu documenter une relation fusionnelle entre l’écuyer et son animal. Le cinéaste s’attarde sur les gestes d’affection de l’homme flattant l’encolure de la bête, sur les yeux de celle-ci, sur ses muscles saillants. Pour autant, il est difficile d’éprouver autre chose qu’une certaine amertume, en assistant aux exercices de ce cheval apprivoisé. Davantage que de l’amour, on devine l’habitude. Plus que de la beauté, on discerne de l’entraînement. Le Caravage s’est accoutumé et il ne caracole qu’à la demande de son maître.
La qualité de l’image laisse fortement à désirer, et l’on se prend à regretter les cadrages impulsifs et les mouvements trop brusques. La beauté des équidés à inspiré tant d’oeuvres littéraires que cinématographiques et l’on en vient à s’interroger sur la rugosité des images. Le Caravage, dépourvu de la beauté réaliste des documentaires de Depardon, interpellera peut-être les amateurs d’équitation à défaut des cinéphiles.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.