Caméléon
Le 30 janvier 2012
Le deuxième film écrit, réalisé et interprété par la star Ivan Mosjoukine est une revue extravagante à la fantaisie débridée, une des plus brillantes productions Albatros.
- Réalisateurs : Ivan Mosjoukine - Alexandre Volkoff
- Acteurs : Ivan Mosjoukine, Nathalie Lissenko, Nicolas Koline, Camille Bardou
- Genre : Comédie, Parodie, Film muet
- Nationalité : Français
- Durée : 1h37mn (version restaurée par la Cinémathèque Française)
- Plus d'informations : http://www.cinematheque.fr/expositi...
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Le deuxième film écrit, réalisé et interprété par la star Ivan Mosjoukine est une revue extravagante à la fantaisie débridée, une des plus brillantes productions Albatros.
L’argument : Une femme du monde, Elle, fait un rêve dans lequel elle ne cesse de croiser le même homme sous des apparences multiples. Au réveil elle se rend compte qu’il s’agit du détective Z dont elle est en train de lire les mémoires illustrées de photos le montrant sous divers déguisements.
Son mari, lui, veut s’installer en Amérique du Sud. Mais elle ne peut se résoudre à quitter Paris. Se demandant si Elle n’aurait pas un amant, il la poursuit un matin matin en taxi et atterrit par hasard dans l’agence de détectives Trouve Tout où travaille le fameux Z.
Celui-ci s’engage à faire une enquête sur la jeune femme et à la ramener à son mari.
Notre avis : Les luxueuses et extravagantes productions de la Société Albatros* (Cagliostro), fondée en 1922 par Alexandre Kamenka, ont indubitablement fait souffler un vent de fantaisie débridée dans le cinéma français des années vingt, et plus d’un film mémorable, signé Protozanov, Volkov ou Tourjansky, mais aussi Epstein, Lherbier, Feyder ou René Clair ont vu le jour dans les fameux studios de Montreuil.
Le brasier ardent, deuxième et dernière réalisation de la star Ivan Mosjoukine après L’enfant du carnaval (Volkof, crédité comme co-réalisateur, n’y est paraît-il pas pour grand chose), est une espèce de revue à grand spectacle alignant les morceaux de bravoure et parodiant avec brio les genres les plus divers. De l’onirisme tendance expressionniste (la séquence initiale, décoiffante) à la comédie mondaine sophistiquée, du film policier à rebondissements à la farce loufoque en passant par le (quasi) mélo : tout y passe.
- © La Cinémathèque française
- © La Cinémathèque française
Cette profusion et le caractère avant-gardiste de certaines séquences (par exemple celle, carrément dadaïste, de l’agence Trouve-tout avec ses portes à bascule, ses couloirs qui aspirent le visiteur ou le projettent vers l’avant et ses meubles qui se déplacent) semblent d’ailleurs avoir dérouté le grand public de l’époque et le film ne fut, paraît-il, pas un gros succès. L’opération de séduction (car c’en est une à l’évidence) a toutes les chances de fonctionner auprès d’un spectateur d’aujourd’hui, même réticent face au cinéma muet.
Véritable caméléon, Mosjoukine, également auteur du scénario, s’y offre un rôle à visages multiples et sa composition extravertie mais exécutée avec une grâce de danseur, est époustouflante. Ses complices Lissenko et Koline ne sont pourtant pas en reste et, maniant l’auto-ironie avec maestria, lui tiennent tête avec un sens de la compétition qui donne à l’ensemble un allant irrésistible.
- © La Cinémathèque française
Les effets de miroir fourmillent dans ce film où l’on ne cesse d’organiser des mises en scène et la séquence montmartroise au Lapin Agile, véritable clou d’un film qui en comporte plusieurs, est proprement ébouriffante, emportant le spectateur dans le tourbillon qui s’empare de l’héroïne avant le dégrisement brutal d’une chute qui s’avère vite préméditée. (C’est en effet la phase décisive de la cure qui doit la guérir de son attachement à Paris.)
Cette ronde folle et parfaitement euphorisante, relevée d’un soupçon d’émotion et de mélancolie, éblouit aussi par la splendeur visuelle de la photo (Joseph-Louis Mundwiller et Nicolas Toporkoff) et ses surprenants décors (d’Alexandre Lochakoff et Édouard Gosch). Le brasier ardent se laisse voir et revoir avec un plaisir vif et sans arrières pensées. Champagne !
*Pour avoir de plus amples informations sur la Société Albatros, on peut consulter l’excellente exposition virtuelle : http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/albatros/index.htm
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