Cagliostro - La critique + Le test DVD

Cette luxueuse superproduction est un superbe livre d’images qui témoigne de la perfection artisanale atteinte par l’industrie cinématographique à la fin du muet.

L’argument : Le comte de Cagliostro, aussi connu sous le nom de Joseph Balsamo, est un aventurier italien du XVIIIe siècle rendu célèbre par les romans d’Alexandre Dumas. Né en Sicile en 1743, le jeune Cagliostro est banni de sa terre natale pour escroquerie. Il quitte Palerme pour un voyage au long cours à travers la Méditerranée et l’Europe. Sa réputation de guérisseur lui vaut d’être invité à la cour de Versailles où il prodigue soins et remèdes magiques. Mais le prodigieux succès du comte de Cagliostro est bientôt mis à mal par une sombre histoire, la fameuse affaire du collier de la reine.


Notre avis : Basée non pas sur le célèbre Joseph Balsamo d’Alexandre Dumas mais sur un roman écrit par un certain Johannes von Günther adapté par les scénaristes Georg C. Klaren et Herbert Juttke , cette évocation de la figure du fameux aventurier du dix-huitième siècle est une luxueuse coproduction franco-allemande associant la prestigieuse firme Albatros, fondée en 1922 par Alexandre Kamenka, à la Wengeroff-Film GMBH dirigée par un autre russe émigré, Alexandre Wengeroff.
Dans la version tronquée du film que Renée Lichtig a pu reconstituer en 1988 certains personnages ont totalement disparu , dont celui interprété par la diva italienne Rina de Liguoro , et le scénario, différent de celui de la version longue, est centré sur l’affaire du collier de la reine.
La reconstitution de la cour de Louis XVI et du Paris de la fin du dix-huitième siècle est à la fois minutieuse, solidement documentée (certains cartons signalent l’authenticité historique des scènes que nous voyons) et totalement fantaisiste.
Car l’ensemble revêt un caractère ouvertement feuilletonnesque et vise avant tout à séduire en jouant aussi bien sur l’érotisme (la Jeanne de la Motte souvent dénudée d’Illa Meery) que sur la magnificence des costumes et des décors associant rococo et art déco ainsi que sur le spectaculaire des scènes d’action, sans oublier une touche fantastique et la note sentimentale apportée par le personnage de la douce Lorenza (Renée Héribel).
Tout cela ne prête pas vraiment à conséquence et ne dépasse pas le niveau du chatoyant et parfois grandiose livre d’images. La mise en scène de Richard Oswald, cinéaste prolifique mais plutôt moyen, est élégante et témoigne d’un métier sûr. Il sait animer de superbes tableaux vivants grâce à un remarquable sens de la composition du plan et à de majestueux mouvements d’appareil.
Au milieu d’acteurs célèbres et volontiers cabotins, comme Alfred Abel (en Cardinal de Rohan) ou Charles Dullin, le jeu de Hans Stüwe détonne un peu par sa sobriété. Son Cagliostro racé n’en est que plus énigmatique.
Le film n’est pas un chef d’oeuvre mais impressionne par sa beauté visuelle et le brio de son exécution. Il témoigne de l’accomplissement technique atteint par l’industrie cinématographique à la fin du muet et sa vision procure un vif plaisir.

Le DVD

Une impeccable édition DVD de ce film rarissime, proposée par Potemkine Films en association avec la Cinémathèque Française, sera disponible à partir du 6 décembre 2011.

Cagliostro - Le DVD

Les suppléments

Le livret de 28 pages qui accompagne le DVD ne nous a pas été fourni. Il contient des textes de Marcel Carné, assistant opérateur sur le tournage, et de l’historien et critique de cinéma Bernard Eisenschitz ainsi que des affiches d’époque.
Le seul supplément présent sur le DVD est un entretien fort intéressant avec Mathieu Regnault qui nous explique , exemples au piano à l’appui , comment il a composé la musique d’accompagnement du film.

Image

Bien qu’incomplète la copie restaurée est d’une fort belle qualité, laissant pantois face à l’extraordinaire plasticité du clair obscur obtenu par le grand chef opérateur Jules Kruger sur pellicule panchromatique. La compression est irréprochable et garantit un parfait confort de vision.

Son

On peut choisir entre deux nouvelles bandes-originales. Celle composée et interprétée par le pianiste Mathieu Regnault est plutôt classique mais nous semble parfaitement épouser les ambiances du film. Elle est proposée au choix en 2.1 ou 5.1. Dans les deux cas l’image sonore est nette et aérée.
Le ciné-mix hip-hop de DJ Cam surprendra davantage et joue plutôt sur le contraste, voire l’incongruité que sur la symbiose. On peut se laisser tenter.

Cagliostro