La science des rêves
Le 25 juillet 2021
Drôle et enchanteur, le nouveau conte de Spielberg met à l’amende toute la concurrence. L’œuvre bariolée de Roald Dahl constitue décidément un terreau fertile pour le divertissement.
- Réalisateur : Steven Spielberg
- Acteurs : Rebecca Hall, Mark Rylance, Ruby Barnhill
- Genre : Fantastique, Film pour enfants
- Nationalité : Américain
- Date télé : 25 juillet 2021 21:05
- Chaîne : France 2
- Titre original : The BFG
- Date de sortie : 20 juillet 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : Sophie, une fillette de Londres, est enlevée par un géant au cœur tendre. Ils entament bientôt ensemble un voyage nocturne où il est question d’envoyer des rêves idylliques aux enfants endormis. Sur leur route, quelques embûches, comme ces mauvais géants menaçant de dévorer les jeunes du monde entier.
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Critique : Est-ce après avoir mis en scène le rêve inaugural de Lincoln que Spielberg a songé à son tour réaliser un film dont le rêve serait la matière première ? Ce ne serait pas la première fois que l’Américain puise dans son cinéma d’auteur pour développer l’autre versant de sa dualité de cinéaste : le divertissement. Quoi qu’il en soit, Le BGG (pour Bon Gros Géant) fonctionne comme une horloge et met la plupart des films pour enfants hors course en l’espace de quelques séquences. On pourra lui reprocher ses bons sentiments, et il est incontestable que le film ne lésine pas en la matière, restant sur ses gardes d’un bout à l’autre ou presque (seules les flatulences royales, tordantes, viennent remuer un peu en fin de parcours cette machine cousue de fil d’or). Mais remettre en question la qualité de l’œuvre serait ignorer un savoir-faire que Spielberg et toute sa bande (John Williams à la musique, Janusz Kaminski à la photo - what else ?) poussent ici encore dans ses derniers retranchements.
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Les plans, tournés le plus souvent en prises de vues réelles - merci à George Miller d’avoir remis les compteurs à zéro avec Mad Max : Fury Road l’an passé - sont époustouflants. Les changements d’échelles de focale, innombrables entre le Bon Gros Géant, ses acolytes mangeurs d’hommes et Sophie, fusent à une vitesse vertigineuse. Les décors (la maison de BGG, l’inter-monde des rêves...), tous plus grandioses et mieux éclairés les uns que les autres, font chaque fois l’effet d’un uppercut. Impressionner le public juste pour la forme n’est cependant pas l’objectif du BGG, même si ses prouesses techniques et ses petites idées de mise en scène à droite à gauche en font un objet précieux. Non, le cœur du film est une histoire d’émotions, et tout concourt ici à provoquer le trouble. A commencer par le gigantisme des fameux géants, qui n’ont rien à envier côté spectacle aux grosses bébêtes que sont les dinosaures et autres créatures à la Godzilla.
Les habitués du cinéaste - nombreux - n’en sortiront pas nécessairement abasourdis, mais bien conscients qu’aucun faiseur du cinéma ne parvient aujourd’hui sur le même créneau à donner corps un univers aussi prolifique et fastueux, le tout sans jamais tomber dans la démonstration. Les abords lugubres mais rassurants de l’orphelinat londonien où réside Sophie, avec ses tavernes adjacentes et ses gentils ivrognes, ridiculisent à peu près toutes les productions ayant tenté la même formule de mise en scène : Pan et Harry Potter (Chris Columbus), pour ne citer qu’eux. Mention spéciale aussi pour les errances nocturnes du géant, qui à pas de loup et avec une aisance de danseuse ne fait qu’un avec l’espace alentour. Soulignons qu’en matière de direction artistique, adapter le BGG de Roald Dahl n’était pas une mince affaire, même si d’autres films avant lui étaient parvenus à en saisir toutes les nuances bigarrées : Charlie et la chocolaterie, Fantastic Mr. Fox, James et la pêche géante, ou encore Matilda, supervisée en personne par la veuve de l’écrivain, Liccy.
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A noter pour les fans du papa d’E.T. que d’innombrables clins d’œil se cachent dans Le BGG : l’ombre du gentil géant sous sa cape rappelle Elliot sur son vélo avec l’extraterrestre, la scène des voitures (qui font office de patins à roulettes sous les pieds des titans) citent ouvertement Jurassic Park et plus spécifiquement la course-poursuite avec le T-Rex. Souhaitons à Spielberg que son prochain "film d’auteur" prenne la mesure de cette réussite et sorte davantage de sa zone de confort.
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