La vie cachée des oeuvres - la critique + le test DVD

Une série passionnante qui jette un regard singulier sur la notion d’oeuvre.

L’argument : Les chefs-d’oeuvre du Louvre sont des survivants ! Pendant de longs siècles, ils ont réussi à échapper aux pillages, aux incendies, aux vers à bois, aux dégradations des pigments, aux changements de goût, aux repeints, aux restaurations brutales, aux mutilations à la scie, au vieillissement, à l’oubli... Certains ont vécu dans la clandestinité, sous de fausses identités. D’autres, que l’on croyait perdus, réapparaissent subitement, quelques siècles plus tard.
A l’initiative du Musée du Louvre les plus grands spécialistes mondiaux de Rembrandt, Léonard de Vinci, Watteau, Raphaël et Poussin se sont réunis pour étudier ces oeuvres décrochées des murs et décadrées. C’est une situation exceptionnelle, même pour ces spécialistes, une rencontre unique entre les hommes et les oeuvres. Une enquête collective où chacun va tenter d’élucider les nombreuses énigmes de l’oeuvre.

Notre avis : De Raphaël à Watteau en passant par Léonard de Vinci, Rembrandt ou Poussin, cette série documentaire propose de se familiariser avec l’œuvre de quelques-uns des plus grands peintres exposés au Musée du Louvre. Joliment didactique, chaque épisode vaut comme une petite leçon de style. Cadrages, thèmes, choix des couleurs, interprétations subjectives, l’appareil critique convoqué pour restituer la « vérité » des œuvres est épatant. Par ailleurs, chaque épisode est entrecoupé de petits encarts animés, très ludiques, permettant une approche plus technique des tableaux, ce qui fait de cette série un support pédagogique privilégié pour enseigner quantité de détails ayant trait à la peinture ou l’histoire des arts.

Au-delà de cette approche synthétique et technique, La vie cachée des oeuvres permet de restituer toute leur vivacité en opérant un remarquable travail de contextualisation. En effet, on aurait tort d’imaginer que ces tableaux, qui figurent désormais au patrimoine mondial, ont toujours été manipulés avec le plus grand soin : certains ont été découpés, repeints, voire reproduits avec des techniques élémentaires – ce qui, au passage, contredit l’opinion selon laquelle la « reproductibilité » des œuvres serait une caractéristique proprement contemporaine. Comme dans l’excellent documentaire consacré à La restauration de la Sainte-Anne, Stan Neumann s’intéresse ici aux œuvres en tant qu’elles sont porteuses d’histoires et de matières. Pas très loin du storytelling, chaque commentaire vaut parfois comme un petit récit à part entière, ce dernier nous éclairant moins sur le « sujet » de l’œuvre que sur l’histoire de sa conservation à travers les siècles. La vie cachée montre alors de façon remarquable ce que l’art doit à la technique, préoccupation constante chez Stan Neumann, comme l’a récemment montré son Œil de l’astronome consacré à Kepler.

Les suppléments :
0
Aucun supplément mais cela importe assez peu, les épisodes se suffisant à eux-mêmes. A la rigueur, un complément sur le Louvre aurait été le bienvenu.

L’image :

Le format 16/9 restitue toute la minutie du travail de Neumann : précision des cadrages, jolis contrastes, fluidité de l’ensemble.

Le son :

Le Dolby Stereo permet d’apprécier l’arrière-fond musical et les différents commentaires des spécialistes. Le mixage est sans imperfection. L’ensemble est présenté au choix en VF ou version anglaise, avec passages sous-titrés lorsqu’interviennent des spécialistes étrangers.