Notre avis : Sans référence religieuse, Eric-Emmanuel veut nous démontrer les effets romanesques de la miséricorde : le pardon d’une sœur à sa jumelle, celui d’un homme envers son fils, le grand pardon d’une mère à l’assassin de sa fille et d’une fillette au meurtrier nazi de Saint-Exupéry…
Évidemment, c’est très bien fait. Facile à lire. Amusant en retournement. L’auteur voit bien ses personnages et nous les fait rencontrer.
Dans un style mesuré, il nous prend par la main, comme Mandine, la simple d’esprit de sa seconde nouvelle qui pardonne à tous.
Schmitt n’a pas pu écrire tout cela sans penser à Gide selon lequel on ne fait pas de bonne littérature avec des bons sentiments. Aura-t-il réussi ? Et là, c’est à nous de lui pardonner.
Les situations sont peu crédibles, les renvois symboliques sont en P.C.V. (paiement contre vérification). On citera en exemples : le meurtrier en prison qui se prend pour un tigre et le petit chat blessé qui agonise chez le vétérinaire. Ouch ! La petite fille et l’ancien nazi en symétrie du petit prince…Reouch !
Il faut gracier Eric-Emmanuel pour certaines tournures stupéfiantes, par exemple et presque au hasard, cette phrase kitsch digne de figurer dans le nouveau testament des Bisounours, comme principe fondateur : "des escargots tendres envahissent les haies après la pluie…"
Passouns sur la couverture montrant un papillon bleu à la poursuite de l’avion de Saint-Exupéry, re-re Ouch !
Nous vient alors à l’oreille la "magnifique" chanson de Michel Fugain "les gentils, les méchants" dont le style s’accorde si bien à l’ouvrage.
Le livre sera traduit en 55 langues… et probablement adapté ou cinéma ou au théâtre. Eric-Emmanuel voit large, universel… c’est vraiment bien fait mais…
Mais s’il ne s’agit pas d’un essai, ces quatre histoires capillotractées ne concourent-elles pas à démontrer le contraire de ce qu’elles souhaitent prouver, tant elles ressemblent à des contes sous l’apparence de faits. L’absolution est rare, alors aller jusqu’à l’imaginer l’offensive… Eric-Emmanuel nous raconterait-il des histoires sur la capacité du pardon ?
Méchants, gentils, entre les deux ou les deux en même temps, on vous pardonne si vous n’avez pas encore lu l’ouvrage. Que cette absolution venge votre lacune et que vous puissiez courir dévorer E.E.S. pour vous faire votre propre opinion.