Femmes au bord de la crise de nerfs
Le 10 juin 2008
Portrait de femmes en milieu urbain : une œuvre sensible et humaine.
- Réalisateur : Jaime Rosales
- Acteurs : Sonia Almarcha, Petra Martínez, Nuria Mencia
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol
- Date de sortie : 11 juin 2008
- Festival : Festival de Cannes 2007
– Durée : 2h13mn
Portrait de femmes en milieu urbain : une œuvre sensible et humaine
L’argument : Récits croisés de deux destins urbains :
Adela a décidé de commencer une nouvelle vie. Elle quitte sa petite ville de province pour s’installer à Madrid avec son bébé. Malgré les difficultés qu’implique un tel changement, elle trouve un travail et noue de nouvelles amitiés. C’est alors qu’un attentat terroriste brise sa vie.
Antonia est propriétaire d’un petit supermarché à Madrid. Elle mène une vie tranquille, entourée de son compagnon et de ses trois filles. La paix familiale se brise lorsque sa fille ainée lui demande de l’argent pour s’acheter un appartement.
Notre avis : La Soledad est l’anti Short Cuts. Malgré la polyphonie supposée, le métrage de Jaime Rosales ignore tous les codes du genre et fond ainsi l’ensemble dans le cinéma intimiste catalan. Alors que les moyens réquisitionnés tendraient sous d’autres horizons vers le lyrisme, voire le spectaculaire, on nage ici dans une ambiance cotonneuse à la Marc Recha. La douleur se diffuse dans tout le film sans qu’on y prenne garde. C’est la plus grande réussite de la Soledad : saisir les malheurs du quotidien, leur banalité sans donner dans le Grand-Guignol et la facilité.
Les figures techniques et narratives convoquées (le split screen, les parallélismes, les destins croisés) ne tombent pas dans l’afféterie. Adela ne rencontrera jamais l’autre héroïne, Antonia, une septuagénaire vaillante. C’est à peine si elles compatiront naturellement au sort de l’autre lorsqu’on leur rapportera au détour d’une conversation leurs malheurs. La soledad est une sorte de concentré de solitude urbaine où tout le monde ignore tout le monde, sans haine, ni compassion. Dans ce Madrid traité pourtant comme une ville de province, les âmes s’égarent, meurent et jamais ne se rencontrent, petits fantômes blêmes espérant un dénouement meilleur.
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Norman06 29 avril 2009
La soledad
L’apparente banalité des situations et des dialogues cache en fait des propos très justes et nuancés sur les ambitions professionnelles, l’amour maternel, le rapport à la maladie ou la solitude en milieu urbain. La forme, élégante sans être ostensible, révèle un art maîtrisé du montage, notamment par le recours au « split-screen », qui évite le champ-contrechamp dans les scènes de dialogue et permet un filmage réussi des différentes pièces dans les séquences d’intérieur. Les ellipses (après la bombe dans l’autobus) font parfois songer à Bresson dans le sens où des éléments importants de l’intrigue (ici la mort d’un enfant) ne sont dévoilés que de façon implicite et progressivement. Difficile moins par son scénario que par l’attention que réclame sa structure visuelle, cette œuvre ne séduira pas forcément au premier abord mais distille longuement son charme discret après la projection.