Le Parrain
Le 5 juin 2010
Inspiré de l’histoire d’une jeune fille affranchie du poids du silence autour de la mafia sicilienne, ce premier film poignant prend au coeur le spectateur pour dénoncer les ravages du crime organisé.
- Réalisateur : Marco Amenta
- Acteurs : Gérard Jugnot, Veronica D’Agostino, Marcello Mazzarella
- Genre : Drame, Politique
- Nationalité : Français, Italien
- Date de sortie : 13 mai 2009
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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– Durée : 1h40mn
– Titre original : La Siciliana ribelle
Inspiré de l’histoire d’une jeune fille affranchie du poids du silence autour de la mafia sicilienne, ce premier film poignant prend le spectateur au coeur pour dénoncer les ravages du crime organisé.
L’argument : Rome 1992. "Ce que je souhaite après ma mort c’est un enterrement avec très peu de gens, seulement ceux qui m’ont aidé dans mon combat pour la justice, ma mère ne doit surtout pas être présente ni venir me voir après ma mort." Ces mots ont été écrits pas Rita Atria dans son journal. Le 5 novembre 1991, Rita, une jeune sicilienne de 17 ans se présente devant le juge anti-mafia pour venger le meurtre de son père et de son frère, tous deux membres de la Cosa Nostra. Pour la première fois, une jeune femme issue d’une famille mafieuse rompt la loi du silence. A partir de cette date, ses jours sont comptés... Basé sur l’histoire vraie de Rita Atria et du juge Borsellino.
Notre avis : Sous le soleil se dissimulent parfois les pires horreurs, propres à détruire des familles ou à infléchir à jamais le cours d’une vie : telle est la leçon sinistre mais réaliste de La sicilienne. Le film offre un parcours réussi, croisant l’histoire individuelle d’une fille de bandit et le combat collectif et institutionnel, incarné par la figure d’un juge, contre le pouvoir de la mafia. Le versant documentaire vise à décrypter aussi bien le système criminel que les difficultés à faire aboutir toute action judiciaire par des preuves et des témoignages fiables : ce qui se fait sentir, c’est le poids considérable de ce que l’on nomme l’omertà, la loi du silence, sur des victimes contraintes, sous crainte de représailles, de se faire les complices de leurs prétendus “protecteurs”. Plutôt que d’exposer les rouages de l’organisation elle-même (sinon par de brefs aperçus : réunions nocturnes, trafics divers...), Marco Amenta préfère évoquer ses conséquences directement humaines, au travers d’une tension palpable tout le long du film : lors de la scène du meurtre, les volets du village se referment précipitamment aux premiers coups de feu, et les hurlements de la petite fille qui crie à l’aide sur le cadavre de son père se perdent dans une indifférence volontaire... La sicilienne vaut pour cette sensibilité accrue à la douleur personnelle, qui s’exprime dans le personnage principal : Rita ne connaît pas une, mais deux pertes de l’innocence, une première fois en étant frappée par le deuil familial, puis en s’avouant finalement qu’elle-même était bercée dans un doux univers d’illusions, protégée dans une niche à l’écart des activités réelles de son père et de son frère.
- © Giulio Azzarello
Une grande partie du film repose ainsi sur les épaules de sa principale interprète, Veronica d’Agostino : avec une rage et un charisme poignants, qui conservent dans la douleur et le désarroi la fraîcheur d’une héroïne de dix-sept ans, elle mène son combat sur l’écran avec une ténacité communicative. Face à elle, le juge joué par Gérard Jugnot tempère le ton, insère une impression de sobriété que confirment les autres rôles secondaires masculins, comme si d’un coup, une force féminine venait faire s’affaler tout un système fondé sur la domination patriarcale et misogyne. Puisant son inspiration dans les figures bien réelles de Rita Atria et du juge Borsellino, Marco Amenta a réussi à fragiliser ces icônes, non pour les critiquer, mais au contraire pour leur redonner consistance humaine derrière leur aura de martyr. Le soin qu’il apporte aux couleurs, aux ambiances visuelles et sonores vient souligner les émotions sous-tendues par le récit, et l’on reste un moment sous l’impression tragique du spectacle d’un meurtre en pleine fête religieuse dans un village, ou d’une échappée éphémère au bord de la mer... Ni naïf, ni complètement douloureux et pessimiste, La sicilienne restitue avec justesse le sens d’un combat militant pour le droit et contre la mafia, résumé avec un peu de grandiloquence mais lapidairement par son héroïne : “Je suis venue réclamer vengeance, mais maintenant je demande justice. J’ai compris que c’est pas pareil.”
- © Giulio Azzarello
- © Rezo Films
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