Avec Arnaud Cathrine, le cadavre n’est pas dans le placard mais dans un van réfrigéré qui fait étape sur la route 349, en plein désert texan. Au volant, Will. Dans le cercueil, son frère aîné, Ray.
Au Salt Café, un motel planté au milieu du vide, sous le regard de Zach, le vieux mécanicien noir revenu de tout, trois personnages en attente. Amy, la jolie tenancière, incapable d’oublier son amour perdu. Singer, l’adolescent qui crève du désir de prendre le large, de connaître la vie, l’amour. Et Will, l’homme au lourd secret, venu ici pour se débarrasser de son enfance. La révélation du terrible passé viendra au jour dans ce huis clos écrasé de soleil. L’histoire avance, implacable et douloureuse, avec une économie de moyens qui ne la rend que plus éprouvante.
Arnaud Cathrine n’a jamais caché son admiration pour les grands romanciers américains. Il paie ici sa dette de magistrale façon à Faulkner ou Carson McCullers, recréant l’atmosphère de ce non-lieu surgissant dans un nulle part désincarné en séquences cinématographiques réalisées avec une remarquable sobriété. Style serré, simple et net, empreint d’une grande pudeur. Tendresse immense pour ses personnages réduits à l’état d’épure, frappant l’imaginaire du lecteur de manière ineffaçable.