Le 4 septembre 2017


- Scénariste : Koza >
- Dessinateur : Marion Mousse
- Genre : Historique
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 23 août 2017
Voyage entre les sombres profondeurs de la terre et les pires horreurs des hommes en 1941.
Dans le Pas-de-Calais, les mines font partie non seulement du paysage, mais aussi de la vie. En 1941, en pleine guerre, les conditions de travail des mineurs sont si exécrables que malgré les avertissements et le dénuement, une grève éclate. Ferdinand n’est pas un militant, il travaille pour sa sœur et sa mère, mais sa vie va se retrouver mêler à d’autres destins, et il va finir dans les camps. Œuvre dénonçant aussi bien l’oppression nazie que le cynisme capitaliste, La Révolte des terres nous renseigne sur le sort d’une France de l’ombre, sans réelle histoire de Résistance, avec un petit fond de collaboration, entre travail forcé et esclavagisme moderne. Curieusement, l’occupant allemand n’est pas vraiment présent, les gardes laissant même la vedette à un prisonnier bilingue, rasé mais amical. Car au-delà du message politique, voire économique, cet album comporte un volet social, familial très touchant, avec un héros sensible, timide et taciturne mais auquel il est très facile de s’identifier. Comme si son histoire aurait pu être la nôtre, comme si ses choix avaient un écho dans la conscience du lecteur. Ni lâche ni courageux, c’est un héros normal, quasi anonyme, et sa trace dans l’Histoire est peut-être minime, mais elle donne une portée maximale à l’œuvre.
© Casterman
Le dessin est pour beaucoup dans l’ambiance froide et tourmentée. Les déclinaisons de gris, noirs et blancs glacent les personnages autant que le lecteur. Les visages sont soit grimaçants, soit tristes, et les décors suivent le même chemin. Cette atmosphère sinistre n’est pas sans attrait : si les visages peuvent devenir méconnaissables, surtout après le passage dans la fureur des camps nazis, si les rues et les tunnels se ressemblent, il n’empêche que les lieux et noms deviennent familiers, que les petites expressions sont guettées pour savoir ce que ressent tel ou tel personnage, si l’un ment ou l’autre est menaçant...
© Casterman
Superbe témoignage artistique qui pourrait être historique, La Révolte des terres mêle Zola et Primo Lévi dans une fresque intimiste poignante. Touchant au plus profond de chacun, entre mine et déportation, cet album remue les entrailles, de la terre comme des hommes.
106 pages - 18€