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Le 8 septembre 2004
Benoît Duteurtre revisite la belle époque des dotcoms et parodie les soi-disant bien-pensants, amateurs de stock-options.
- Auteur : Benoît Duteurtre
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche
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Rappelez-vous ! C’était un temps merveilleux où la moindre affiche publicitaire vantait en quatre par trois des services jusque-là inconnus et où de nouveaux hiéroglyphes envahissaient nos postes de télévision et nos cartes de visite. Les investisseurs piaffaient, les entrepreneurs s’agitaient et les fabricants de tuyaux se mettaient dans la tête de les remplir de textes et d’images pour nous inventer un nouveau monde drôlement cool.
Benoît Duteurtre avait déjà brocardé dans son précédent ouvrage, Service clientèle, l’invasion des nouvelles technologies dans notre quotidien de consommateurs. Son nouveau roman, La rebelle, lui a donné prétexte cette fois-ci à ausculter de l’intérieur les cyberentreprises qui ont fait les beaux jours de la dotcomania. Après la Cogecaphone de Service clientèle, place désormais est faite à sa holding, la Cogeca, Compagnie générale de câblage que son médiatique jeune président, Marc Ménantreau, a décidé de transformer en groupe moderne de communication quitte à bousculer au passage les conventions habituellement en vigueur dans les salons feutrés des manitous du CAC 40.
N’avez-vous pas une image de chaussette trouée qui vous vient subitement à l’esprit ? Oui, nous y sommes. L’homme qui a touché un joli parachute d’or après avoir ruiné l’une des plus grosses multinationales françaises est d’ailleurs fort capable de réclamer sa part de droits d’auteurs à Duteurtre tant le personnage de Ménantreau est un quasi copier-coller de sa célèbre figure. Mais la principale héroïne de La rebelle vaut également son pesant d’or en matière de clichés sur pattes. La journaliste Eliane Brun se complaît à dénoncer chaque semaine sur le petit écran les injustices de ce bas monde, de la haine envers les homosexuels à la violence contre les femmes en passant par le lot habituel des inégalités sociales. Eliane Brun est une vrai militante au verbe haut mais notre gauchiste des beaux quartiers ne supporte néanmoins pas qu’on puisse lui manquer d’égards et ne reste pas longtemps insensible au lumineux mirage des stocks-options.
Les ambitions de tout ce joli petit monde auraient pu faire de La rebelle une comédie assez drôle. Mais la parodie un tant soit peu lourdingue ne suffit pas toujours à compenser un style d’une platitude terrifiante tandis que le rire s’éteint vite sur des derniers rebondissements écrits selon toutes les apparences à la va-vite. Dommage, l’idée narrative était prometteuse.
Benoît Duteurtre, La rebelle, Gallimard, 2004, 333 pages, 17,50 €
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