Portrait de femme à l’italienne
Le 1er juillet 2011
Une histoire pleine de cris, de disputes, de drames, et de chansons, pleine de vie quoi !
- Réalisateur : Paolo Virzì
- Acteurs : Stefania Sandrelli, Valerio Mastandrea, Micaela Ramazzotti
- Genre : Comédie, Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Date de sortie : 29 juin 2011
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– Durée : 1h51mn
– L’interview
Une histoire pleine de cris, de disputes, de drames, et de chansons, pleine de vie quoi !
L’argument : Été 1971. Anna, jeune mère ravissante et frivole, remporte le concours de beauté d’une station balnéaire. Son tempérament inconséquent et jouisseur rend sa vie de famille quelque peu chaotique. 30 ans plus tard, toujours marqués par cette vie haute en couleurs, Anna et ses enfants, réunis à son chevet, sauront-ils se réconcilier ?
Notre avis : Porte-image de l’Italie aux oscars, récompensé par trois Donatellos (meilleur scénario, meilleur acteur et meilleur actrice), La prima cosa bella est une comédie à l’italienne comme on les aime :
exubérante et haute en couleurs. Si on pourrait lui reprocher une tonalité mélo et des accents machistes, le film s’impose comme un bon divertissement qui sait coupler authenticité des protagonistes, justesse de jeu, et aventures rocambolesques. N’en déplaise à ses détracteurs,
La prima cosa bella est un séduisant portrait de femme, sous toutes ses coutures
(la femme, la mère, la sœur) et dans toutes ses beautés (le charme, le courage, l’espérance).
Micaela Ramazzotti, actrice et épouse du réalisateur Paolo Virzi, incarne parfaitement l’ambiguïté du personnage d’Anna, à cheval entre grâce et vulgarité, bêtise et naïveté, insouciance et vaillance.
Prise au piège d’une société patriarcale qui la marginalise et l’étiquette « femme perdue », elle continue de se battre, pour ses enfants. Et si le trio se retrouve souvent sur les routes, Anna reste joyeuse et positive, poussant toute la famille à la chansonnette. Une mélodie entonnée dans les moments difficiles comme une prière, que l’on retrouve posée en rappel dans la scène finale : celle du mariage et de la mort d’Anna. Une scène un peu trop larmoyante et pas foncièrement indispensable mais qui traduit bien l’intimité douillette et cotonneuse d’Anna, Bruno, et Valeria. De plus un tel sentimentalisme se pardonne lorsque l’on sait la forte part autobiographique du récit. Même ville (Livourne), même mère (celle de Paolo était chanteuse), même aigreur de la vie en région toscane, Bruno n’est finalement que le prolongement du cinéaste. Ce dernier avoue d’ailleurs avoir voulu « se protéger dans la chaleur de cette histoire, qui parle de personnages qu’on apprend à aimer : le cercle de la vie avec ses durs mais joyeux mystères, dans une famille comme beaucoup d’autres. Et pour une fois, peut être, pas de regard sur notre société. Seulement de vibrants morceaux de mon coeur ». Si le cinéaste nous avait habitué par le passé à des mordantes intrigues sur des problèmes de société (Baci e abracci, Ovodoso, Tutta la vita davanti) ici l’on découvre l’homme derrière l’artiste engagé, dans un film que l’on pourrait qualifier de « bilan ». La question de la famille, des origines, de la maturité n’est pourtant pas nouvelle dans sa filmographie et ses films tournent depuis presque toujours autour de Livourne, mais avec La prima cosa bella, Paolo réalise une véritable catharsis cinématographique : « ce fut une expérience émouvante pour moi de faire ce film dans la ville dont j’ai essayé de m’échapper pendant un quart de siècle ».
Avec sa narration très classique structurée autour d’un montage alterné entre le présent et les passés (nombreux flash-back des époques successives : enfance, adolescence, jeunesse) le film prend délibérément le pli d’un cinéma sans prétention, d’un cinéma raconteur de belles histoires. Et puis tout n’est pas si tendre, bien au contraire, à commencer par les hommes. Entre un mari violent (la magnifique interprétation de Sergio Albessi, bien plus forte en émotions que l’apathie perpétuel du personnage de Valerio Mastandrea) et des amis de passages pas si amical que ça, Anna est plus souvent couverte de bleus que de roses. Un manque d’affection qu’elle compense par un trop plein d’amour pour ses enfants. Devant l’extraversion de sa mère, Bruno s’agace et se carapate dans un cynisme dont il a du mal à se défaire quand sa sœur Valéria trouve refuge sa propre petite famille proprette. Mais comme souvent dans La prima cosa bella, la forte figure de la mère fait tout voler en éclats. Destructrice, elle est aussi libératrice et reste malgré tout le noyau dur de l’histoire (sa maladie sera fédératrice pour le couple du frêre et de la sœur).
A noter ici, la belle présence de Stefania Sandrelli (icône du cinéma italien des années 60 et 70) dans le rôle d’Anna en fin de vie (version vieillie de Micaela Ramazzotti).
Anna c’est finalement une femme parmi tant d’autres : une mère maladroite mais tellement sincère que l’on ne peut s’empêcher de vouloir consoler, tout comme le fera Bruno, même si elle lui aura « gâcher la vie ».
Une touchante histoire de famille donc, servie par une très belle photographie (Nicola Pecorini aussi connu pour son travail avec Bernardo Bertulocci, Roman Polanski, et Terry Gillian) offrant à l’écran une image feutrée et pastelle au petit côté antique qui retranscrit bien l’ambiance des années soixante-dix. Une douceur de tons qui rehausse le caractère impulsif et explosif d’Anna, brillamment interprété par Micaela, dont le capacité à passer du rire aux larmes impressionne.
Au final des scènes d’anthologie comme celle de l’évasion arrosée des enfants en pleine nuit, ou encore celle de la dispute d’Anna et son mari jaloux sur le plateau du « Dr Risi », et d’autres un peu too-much (course poursuite dans les rues de Livourne en musique) mais dont le dynamisme doit être louer. Et si parfois le film tombe dans le cliché, jamais il ne frise l’ennui.
En un mot on s’amuse bien dans le joyeux bordel de La prima cosa bella.
Rencontre avec Paolo Virzi et Micaela Ramazzotti
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