Et si la fin était pour maintenant ?
Le 19 mai 2014
Margheriti, en petit maître de la science-fiction italienne, nous offre une seconde œuvre confuse dans le domaine mais bénéficiant de nombreux atouts, dont une performance énergique de Claude Rains et une bande originale envoûtante et fort singulière.
- Réalisateur : Antonio Margheriti
- Acteurs : Giuliano Gemma, Claude Rains, Umberto Orsini
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Artus films
- Durée : 1h33min
- Titre original : Il pianeta degli uomini spenti
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- Sortie DVD : 6 mai 2014
Margheriti, en petit maître de la science-fiction italienne, nous offre une seconde œuvre confuse dans le domaine mais bénéficiant de nombreux atouts, dont une performance énergique de Claude Rains et une bande originale envoûtante et fort singulière.
L’argument : Une météorite s’approche dangereusement de la Terre. Malgré les calculs du professeur Benson (Claude Rains), qui estime qu’elle va passer son chemin, les autorités militaires envoient des fusées de reconnaissance. Alors que la météorite se place en orbite et déclenche une série de catastrophes, une armada de soucoupes volantes se dirige vers la Terre…
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Notre avis : Antonio Margheriti est un cinéaste difficile à cerner. S’étant illustré aussi bien dans le domaine du western (Joe l’implacabile, La brute, le colt et le karaté, La chevauchée terrible), de l’horreur gothique (La vierge de Nuremberg, Danse macabre, La sorcière sanglante, Les fantômes de Hurlevent), de l’heroic fantasy (Yor, le chasseur du futur) ou encore du film de cannibales (Demain l’Apocalypse), il fait aussi partie des très rares réalisateurs italiens à s’être fait connaître, notamment aux Etats-Unis, pour une bonne poignée de films de science-fiction, parmi lesquels Le vainqueur de l’espace (1960), I criminali della galassia (1965), I diafanoidi vengono da Marte (1966), Il pianeta errante (1966), La morte viene dal pianeta Aytin (1967) et cette Planète des hommes perdus de 1961, aujourd’hui disponible en DVD-digipack dans la passionnante nouvelle collection SF Vintage d’Artus Films. Fait avec un petit budget et beaucoup de débrouille, ce film apparaît aujourd’hui comme une vraie étrangeté. Débutant par des plans idylliques et une romance sur une île coupée de tout, puis suivi par une bourrasque de dialogues confus, le long métrage ne commence pas d’une manière très plaisante pour le spectateur. Pourtant, ces premières séquences passées, Margheriti, sous son pseudonyme célèbre d’Anthony Dawson, développe quelques idées vraiment intéressantes tout du long de cette œuvre très bigarrée et disparate. Pour illuminer le film, il a fait appel à l’acteur britannique Claude Rains dans le rôle du professeur Benson qui, il faut bien le dire, éclipse tout le reste du casting de par sa performance fantasque d’un mathématicien fou, drôle et mégalomane, vivant isolé dans une serre où il inscrit ses calculs à la craie sur tout ce qu’il trouve à portée de mains.
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L’histoire en elle-même n’est pas inintéressante, basée sur un scénario du vétéran Ennio de Concini, malgré la maladresse des dialogues et deux romances mièvres sans aucun intérêt qui parasitent le récit. On retiendra par exemple cette idée d’une astéroïde fonçant vers la Terre, provoquant catastrophes, vagues de suicides et hystérie, tout cela étant représenté par des stock shots, parfois en noir et blanc. Une autre idée à retenir, en dehors des conflits entre autorités militaires et quête scientifique, est cette approche de la communication avec les extraterrestres par le biais d’oscillateurs sonores, la production de sons étranges devenant le moyen de sauver la planète. Nous touchons d’ailleurs là à ce qui fait l’intérêt du film selon nous : c’est sa bande sonore. Définitivement expérimentale pour l’époque, elle transcende des batailles spatiales en maquettes, totalement cheap, répétitives, voire ridicules. Avec ses drones sinistres et cosmiques à la fois, elle s’éloigne même des standards de la musique concrète, électronique ou électro-acoustique de son époque pour proposer quelques chose d’assez impossible à définir. Le métrage débute là aussi par une chanson hypnotique, sorte de pop d’avant-garde. La représentation de l’intérieur de la planète-astéroïde en orbite peut faire sourire avec ses entrailles de tuyaux, mais par l’utilisation d’éclairages rouges, le réalisateur arrive à faire passer la pilule et nous offre une conclusion réussie, alliant la connaissance scientifique à une quête folle et irraisonnée (le fait de ne pas montrer les aliens est aussi bizarrement un des atouts du film). On pourrait citer d’autres passages presque incongrus, comme la séance de spiritisme menée par une secrétaire nommée la veuve noire, mais on vous en laisse la surprise.
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On retiendra donc de cette Planète des hommes perdus la performance de Claude Rains, une musique originale et une diversité de décors et d’images (la serre du professeur, les bases militaires et scientifiques, l’île, la planète inconnue, les intérieurs des vaisseaux, les stock shots, etc.). Malgré quelques idées intéressantes et une des toutes premières guerres de l’espace, La planète des hommes perdus est loin d’être un grand film mais il nous permet de mieux appréhender un genre méconnu : la science-fiction italienne .
Les suppléments
Comme pour les autres films de la collection, Alain Petit partage son érudition avec nous et intègre le film dans la tradition de la science-fiction italienne. Il y fait référence à beaucoup d’œuvres très obscures mais cela donne indéniablement envie de creuser plus avant ce domaine. Le digipack, avec ses affiches d’époque reproduites à l’intérieur, propose également un diaporama d’affiches et photos, ainsi que les bandes annonces d’autres films de la collection.
L’image
La planète des hommes perdus a plus de cinquante ans d’âge et cela se ressent dans l’image, bien entendu. Malgré cela et en raison de la rareté du film, la qualité est très acceptable dans un format 1.85 original respecté, les jeux d’ombres et de lumières, les décors variés sont rendus au mieux quant à ce qui était possible d’obtenir.
Le son
Comme nous le disions plus haut, la grande qualité du film est, selon nous, dans la musique qui l’accompagne, assez étonnante pour ce début des années 60, donc on ne peut que vous inviter à y prêter une oreille, avec ses voix féminines passées dans les chambres d’échos, ses boucles électroniques entêtantes, ses notes de piano jetées éparses dans les effets de delay, ses cuivres jazzy langoureux et son atmosphère pré-psychédélique. Le film, quant à lui, est disponible en français et en version originale italienne sous-titrée.
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