Le 15 avril 2020
Du conte apocalyptique à la fable humaniste, un texte du célèbre écrivain américain qui résonne encore.
- Auteur : Jack London
- Editeur : Flammarion
- Genre : Classique de la littérature, Dystopie
- Nationalité : Américaine
- Titre original : The Scarlet Plague
- Date de sortie : 6 juin 2018
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : En 2073, cela fait 60 ans que toute trace de civilisation a disparu. Si quelques tribus d’hommes survivent dans ses ruines, depuis longtemps ceux-ci n’en comprennent plus aucun signe. Le langage lui-même s’est modifié. L’art est devenu inutile, la culture se résumant à satisfaire ses besoins primaires. Pourtant un homme se souvient. Le dernier à avoir connu les temps anciens d’une humanité que l’on disait moderne tient à partager son savoir, avant qu’il ne soit trop tard. Même s’il est miraculeux qu’il soit encore en vie, il sait qu’il n’est pas éternel. Le phare de la mémoire dont il est le gardien va bientôt s’éteindre. Son appel sonne comme un avertissement aux anciennes générations que nous sommes, et aux nouvelles qui vont bientôt repeupler la Terre.
Critique : Jack London écrivit ce texte en 1912, quatre ans avant sa mort. Il sera publié pour la première fois en français, de façon posthume, en 1924, accompagné de Construire un feu et de Comment disparut Marc O’Brien. Ce récit d’anticipation peut se lire aujourd’hui encore comme une mise en garde pour toute l’humanité.
Lorsqu’on retrouve le vieil homme sur le sentier d’animaux sauvages, lui seul sait qu’il s’agit en fait d’une « antique voie ferrée ». Le jeune garçon qui l’accompagne est trop occupé à rester aux aguets, afin de prévenir toute attaque de grizzly, pour comprendre et analyser le paysage qui l’entoure et dans lequel il est né. Une nature florissante à en effet envahi et petit à petit fait disparaître toute trace de constructions humaines. Mais même s’il doit passer encore pour un vieux radoteur d’histoires impossibles, le vieillard est bien décidé à lui expliquer comment était la vie avant le retour à la « la barbarie des premiers âges du monde ». Comment « dix mille années de culture et de civilisation s’évaporèrent comme l’écume, en un clin d’œil. »
C’est une épidémie foudroyante qui a tout anéanti. Les hommes tombaient comme des mouches terrassés par une maladie qui les étreignait dans d’atroces souffrances, l’âme consciente et le corps « flamboyant d’écarlate ». Mais ce qui acheva la société est un tout autre fléau : « le temps n’était plus où l’on se dévouait pour les autres. Chacun luttait pour soi. » La folie se répandit dans le sillage de la pandémie, contaminant le cœur des hommes valides, mais dévastés par la peur : « ils lâchaient la bride à leur bestialité, s’enivraient et s’entretuaient. Peut-être, au fond, avaient-ils raison ? Ils ne faisaient rien que d’avancer la mort. »
Miraculeusement épargné, le vieil homme a vu le monde s’écrouler et s’il raconte tout aux enfants ce soir, au coin du feu de leur campement, c’est parce qu’il a peur plus encore pour l’avenir. L’homme s’adapte, mais il ne change pas : « l’univers a été anéanti, bouleversé, et l’homme demeure toujours identique. » Les embryons de société se sont reconstruits, mais aussi disparates et dispersées qu’ils le sont pour le moment. Tout cela lui fait craindre le pire. Car « les hommes se multiplieront, puis ils se battront entre eux. » La quête du pouvoir de l’Homme est tel qu’il rebâtira les mêmes esclavages : « les trois types éternels de domination, le prêtre, le soldat, le roi y repartiront d’eux-mêmes. »
Bien sûr, on reconnaît dans ce dernier avertissement les engagements politiques de l’auteur, mais plus qu’un débat stérile sur sa rhétorique que d’aucuns trouveront surannée, l’alerte qu’il nous adresse il y a de cela plus d’un siècle, est riche d’enseignement. Fondamentalement humaniste, ce texte plus que jamais actuel renferme aussi un formidable espoir. Le vieil homme a préféré prévenir que seulement avertir : en conservant les écrits du passé et en fabriquant un code pour leur compréhension, c’est une clé de la connaissance qu’il leur offre pour une construire une culture en accord avec la nature et dans le respect de toute l’humanité, car « un jour viendra où les hommes, moins occupés des besoins de leur vie matérielle, réapprendront à lire. »
Jack London – La Peste écarlate
Éditions J’ai Lu (Librio)
109 pages
17.6 x 12.5 x 0.6 cm
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