Blue Hole T.1 et T.2 – Yukinobu Hoshino – la chronique BD

Yukinobu Hoshino est un grand nom de la science-fiction japonaise, récompensé à de multiples reprises au Japon. Blue Hole est l’un de ses plus fameux titres, publié en 1991-1992 dans Mr Magazine de l’éditeur Kodansha. La série est remarquée en France par Casterman, qui publie la série sous le titre Le trou bleu en 1996, dans le sens de lecture français : nous sommes alors au prémisse de la « vague manga » dans l’Hexagone. L’excellente collection Pika Graphic réédite cette série dans son sens de lecture original avec une nouvelle traduction. Les qualités de Blue Hole méritent amplement cette réédition.

La première édition du manga de Hoshino, par Casterman, en 1996

Loin de n’être qu’un simple récit de survie d’un équipage perdu dans un milieu hostile, Blue Hole s’avère une fable écologique dont le thème central, la destruction par l’homme de son environnement, n’a pas pris une ride. Le personnage central, la bien-nommée Gaïa, incarne la défenseure de l’environnement et de la diversité biologique face aux projets pharaoniques de certains hommes politiques d’abord désireux de régler les problèmes du présent – la pollution atmosphérique – sans se soucier des conséquences sur l’ère du Crétacé. C’est cette stratégie du développement à tout prix que pourfend intelligemment Yukinobu Hoshino dans son récit, en valorisant le discours et la rigueur scientifique, un propos très à propos à l’heure de nos fake news. Il faut dire que le dessinateur, fasciné par les ères de la préhistoire, s’appuie sur une ample documentation scientifique pour reconstituer l’ère du Crétacé et le comportement de ses différentes espèces. Le dessin reconstitue avec une exceptionnelle précision la faune et la flore de cette époque pour créer un vrai sentiment d’immersion chez le lecteur. Le souci de vraisemblance d’Hoshino et son de partager ses propres connaissances sur la préhistoire – à travers les analyses des scientifiques qui s’extasient sur la diversité du vivant – entraînent Blue Hole du côté de la « hard SF », sans pour autant que le récit ne soit pompeux. Au contraire, le manga se lit comme un thriller, avec ses scènes d’actions et ses nombreux rebondissements. Seul bémol du récit, le caractère archétypal de ses personnages – le scientifique exalté, le capitaine bourru, la journaliste ambitieuse – qui fait qu’on s’y attache assez peu, en dehors de l’héroïne Gaïa.

© Yukinobu Hoshino, Kondansha – Éd. Pika pour la traduction française

Pionnier et original par son thème et son traitement, Blue Hole constitue un indispensable pour les lecteurs de mangas avides de science-fiction.