Dreams Factory . T.2 . La Chrysalide des coeurs - Jérôme Hamon, Suheb Zako, Lena Sayaphoum - la chronique BD

Après Nils, Jérôme Hamon a de nouveau formé un univers uchronique et atypique, où la magie mystique et la science froide s’entremêlent pour construire quelque chose d’unique et d’incroyablement immersif. En reprenant une simple idée intemporelle, celle du lien frère-sœur, et en la poussant à des entrelacs complexes mais répétitifs, il noue une intrigue à la fois simple et nivelée, forte de plusieurs personnages charismatiques, et auxquels il est difficile de prédire un destin final.

En effet, l’atmosphère de cet album, que l’on pense au départ fait pour un public jeune, est imprégnée d’un pessimisme et d’une froideur que seuls les adultes peuvent connaître. Une fin tragique n’est donc jamais à exclure pour personne, et sans dévoiler la conclusion finale, les surprises sont au rendez-vous.

Jérôme Hamon, Suheb Zako, Lena Sayaphoum / Soleil

Au côté de ce scénario huilé, le dessin de Suheb Zako est tout aussi surprenant de fraîcheur, encore que cette qualité peut paraître un poil mal exprimée, puisque c’est le côté glacé, des émotions et des décors, qui s’impose. De fait, les tunnels, galeries et précipices qui composent cette usine ont quelque chose de tout à fois tectonique et technique, entre le fer forgé et le minéral poli. Enfin, les visages ont cette pâleur, comme un symbole d’une vitalité perdue, car il ne faut pas l’oublier, cette belle histoire sert également à dénoncer, par un jeu de métaphore, la société de consommation et l’asservissement des enfants.

Jérôme Hamon, Suheb Zako, Lena Sayaphoum / Soleil

Conclusion épique d’un diptyque graphiquement original et symboliquement impeccable, La Chrysalide des cœurs est donc un second (et dernier) tome d’une fluidité et d’une force sans failles.