Le 19 novembre 2003
S’il ne mérite pas le qualificatif de chef-d’œuvre, La nostalgie de l’ange n’en reste pas moins un roman attachant.
"Livre de la décennie", "acclamé par toute la critique". La quatrième de couverture promettait presque le chef-d’œuvre ! S’il ne mérite pas un tel qualificatif, La nostalgie de l’ange n’en reste pas moins un roman attachant.
Mais qu’est-il donc passé par la tête de Susie Salmon ce 6 décembre 1973 ? Alors que sa mère lui répète depuis son plus jeune âge de ne pas suivre un inconnu, ce jour-là, c’est son voisin, monsieur Harvey, qui veut lui faire découvrir sa cachette. Et un voisin, ce n’est pas un inconnu. Cette erreur, faire confiance, l’adolescente de quatorze ans va la payer au prix fort. Quelques heures plus tard, après avoir été violée et découpée en morceaux par ce charmant quoique bizarre voisin, Susie fait son entrée au paradis.
La suite, c’est Susie qui nous la raconte. De "là-haut". Du haut de ses éternels quatorze ans, Susie veille sur les siens et les regarde, impuissante, sombrer dans le chagrin. Puis année après année, elle voit ses amis évoluer, les rapports entre les membres de sa famille se modifier. Elle assiste, tour à tour curieuse, nostalgique ou enthousiaste aux déceptions, souffrances et joies de chacun. Elle est spectatrice de tous ces instants qui viennent ponctuer une vie et qui auraient dû rythmer la sienne : le premier baiser, la vie universitaire, le mariage...
La nostalgie de l’ange tient davantage de l’exercice littéraire que de la tragédie. Né d’une ancienne expérience - Alice Sebold a été victime d’un viol à l’âge de dix-huit ans - le livre aurait facilement pu céder à la tentation du mélo larmoyant et jouer la corde de la sensiblerie. Mais il n’en est rien. C’est un livre plein d’espoir, sur les liens indéfectibles qui unissent les morts et les vivants et sur la capacité de l’être humain à continuer sa vie malgré tout. Au-delà du phénomène littéraire (best-seller aux Etats-Unis), c’est surtout la singularité de ce récit qui marque les esprits. Dialogues pleins d’humour, instants de confidence et moments d’horreur. Une fable édifiante qui donne à voir certains épisodes de la vie de manière plus futile.
Alice Sebold, La nostalgie de l’ange (The lovely bones, traduit de l’américain par Edith Soonckindt), Nil éditions, 2003, 360 pages, 16 €
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