Le 5 juillet 2019
J.-H. Rosny aîné, l’auteur de La guerre du feu , est l’une des figures de proue du mouvement littéraire français du merveilleux scientifique, à l’honneur dans la collection Les Orpailleurs de BNF Editions. Profitant de la réédition de son « conte » visionnaire, La mort de la terre, près de 110 ans plus tard, la BNF a compilé plusieurs récits de cet auteur prolifique et original.
- Auteur : Joseph Henri Rosny Aîné
- Collection : Les Orpailleurs
- Editeur : Bibliothèque nationale de France Editions
- Genre : Science-fiction
- Plus d'informations : Sur le site de la BNF
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Résumé : Dans un futur indéterminé, les mers n’occupent plus que le quart de la surface de la Terre. Fleuves et lacs ont disparu. L’humanité s’est réduite à quelques milliers d’individus réfugiés autour d’oasis clairsemées. Un fléau les menace : les ferromagnétaux. Targ part avec sa famille vers les Terres-Rouges, là où la vie est peut-être possible.
Notre avis : Le titre du roman est trompeur : ce n’est pas la Terre qui se meurt ici, mais l’humanité, une espèce humaine qui aurait fini son évolution et qui, à force de fatalisme et de résignation, a perdu toute combattivité. Même son instinct de survie lui apparaît désormais d’un autre âge. Des origines à la fin de l’humanité, la distance qui sépare La guerre du feu de La mort de la terre est incalculable. Prenant le contrepied de son tableau de la genèse de l’humanité telle que nous nous la représentons, où le feu est la denrée rare, J.H. Rosny se montre conscient et lucide sur l’enjeu de l’accès à l’eau, qui manquera à l’humanité à l’avenir. Pour autant, ces oasis autour desquels quelques groupes de derniers hommes se sont installés, ne sont plus objets de rivalités ou de guerres. L’humanité se serait assagie. Elle est prête à disparaître stoïquement. Elle accepte l’euthanasie et donne à voir une organisation intégrée de l’eugénisme. Le suicide n’y est pas tabou, ni interdit, et chacun se soumet au sort individuel qui est le sien. L’humanité a bien changé : c’est la Terre qui semble avoir été victorieuse de l’illusion d’un Homme conquérant, maître et possesseur de la nature que Descartes glorifiait. La Terre et son incarnation symbolique, les métaux, avec le rôle que leur attribue l’auteur, ressemblent à ce rêve de la robotique et de l’intelligence artificielle que nous partageons aujourd’hui. Ces derniers forment des créatures, les « ferromagnétaux », qui se sont affranchies des chaînes par lesquelles leurs créateurs les tenaient en esclavage.
A travers la trame narrative qu’il choisit, J.H. Rosny aîné semble jette son dévolu sur un personnage en opposition avec ce tableau, un héros prométhéen qui ne parvient pas à cet état de renoncement, qui est devenue la caractéristique morale de « sa race » et de son espèce. L’adversité du personnage de Targ, qui survit à de nombreuses épreuves typiques des parcours d’initiation depuis des temps ancestraux, fait de son héros une survivance de l’ancien monde, c’est-à-dire notre monde contemporain. Ce contraste entre l’accablement de l’espèce et un idéal de perfectibilité de l’individu au profit du collectif, constitue la principale tension du récit. Persévérance et vigilance sont les qualités de ce « veilleur du grand planétaire », dont on suit le cheminement jusqu’à la fin. Cet étonnant voyageur accomplit un parcours qui le conduit à la fois dans les profondeurs de la Terre et à l’intérieur de lui-même, identifiant en lui et convoquant en nous, avec lucidité, la source et le fondement de nos existences d’êtres en perpétuelle évolution.
Broché, 184 p., 12,5 x 20,5 cm
Date de parution : 15 mars 2018
ISBN/EAN : 978-2-7177-2772-2 / 9782717727722
Prix : 12, 50 euros
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