La Fille Maudite du Capitaine Pirate . Tome 2 - La chronique BD.

La Fille Maudite du Capitaine Pirate sillonne toujours les eaux d’Omerta, juchée sur Poivre d’As, son perroquet parlant glissé dans un poisson (si, c’est tout à fait normal). Elle sait désormais qui est son père, mais elle a appris par la même occasion la mort de celui-ci, tué par un de ses rivaux, le Danois Noir, qui a par la même occasion volé son âme. La voila donc à la recherche du Danois Noir, prête à venger son père et à récupérer son âme.

Vous vous en rappelez sûrement, fidèles lecteurs que vous êtes, la lecture du premier tome de cette série de Jeremy Bastian avait été, il y a un peu plus de deux ans, une véritable claque, graphique tout d’abord, mais également, disons-le, onirique. Tombons, une fois n’est pas coutume, dans l’auto-citation avec toute la suffisance que ça implique : nous vous avions parlé d’un "croisement improbable entre Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll et Barbe-Rouge, de Charlier et Hubinon."

Ce deuxième opus est dans la continuité du premier. Les situations sont toujours étranges et imprévisibles, les personnages merveilleux et/ou patibulaires, le territoire visité fantastique et hors du temps, comme si nous nous trouvions au cœur du rêve d’un vieux pirate imaginatif qui aurait abusé de sa bouteille de rhum.

Dit comme ça ça semble peu engageant, on vous le concède, mais ça résume bien la richesse insondable de l’Oeuvre (le O majuscule n’est pas une coquille). La seule critique que l’on pourrait (éventuellement, pour la bonne conscience) formuler, c’est, comme pour le tome 1, un manque de lisibilité, à certains moments, qui nuit un peu à la fluidité de la lecture.

Mais bon sang de bonsoir, que c’est beau !!! Il est normal que l’œil soit attiré de tous les côtés, tellement le dessin en noir et blanc de Jeremy Bastian fourmille de détails, tous plus réjouissants et hallucinants de précision les uns que les autres. Il en semble presque vivant, et on a l’impression qu’à tout moment il cherche, avec plus ou moins de réussite, à s’échapper du carcan de la case traditionnelle pour investir la page entière, pour ne pas dire l’album, voire notre univers.

Disons le tout net, une seule lecture ne rendra pas justice à cet album, loin s’en faut. Un tel artiste mériterait plus de publicité, mais en même temps, il serait assez effroyable qu’un éditeur avide d’argent et plus ou moins bien intentionné se saisisse de ces planches pour, au nom d’une quelconque logique commerciale, les coloriser à l’ordinateur.

Pour terminer, il faut dire un mot de l’éditeur, qui, encore une fois, a fait un travail somptueux sur cet album. Pour une somme relativement risible, vous repartirez avec un superbe objet, à la qualité indéniable, en bref l’écrin que mérite cette œuvre qui se rapproche plus de l’orfèvrerie que de la simple bande dessinée.

Jeremy Bastian sera présent lors du festival BD Quai des Bulles (du 28 au 30 octobre 2016) où une grande exposition lui sera consacrée.