Le 11 février 2024
Fin et précis, riche et d’une remarquable puissance d’évocation, La longue-vue raconte une femme à rebours, de ses quarante-deux ans à son adolescence.
- Auteur : Elizabeth Jane Howard
- Collection : Quai Voltaire
- Editeur : Editions de la Table Ronde
- Genre : Roman
- Nationalité : Anglaise
- Traducteur : Leila Colombier
- Titre original : The Long-View
- Date de sortie : 1er février 2024
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Londres, 1950. Antonia et Conrad Fleming donnent un dîner pour les fiançailles de leur fils Julian, chez eux, dans le quartier chic de Campden Hill Square. Derrière les apparences policées d’une soirée mondaine, Antonia mesure, à quarante-trois ans, l’échec de son propre mariage, ce que le lecteur mesurera peu à peu à l’aune des retours en arrière successifs orchestrés par Elizabeth Jane Howard.
Critique : Comme dans la saga des Cazalet, Elizabeth Jane Howard pose un regard doux mais sans fard, à la fois poétique et lucide, sur les décors où évolue son héroïne. Des maisons-musées emplies de porcelaine et peintes de couleur pastel aux rues pavées parisiennes, de la côte d’Azur brûlée par un soleil réjouissant aux bois cocons anglais où ne filtre qu’une lumière tamisée et sans âge, Antonia rajeunit, traverse les années à l’envers tandis que de la Mrs Flemming des premières pages, mère et épouse, elle redevient une jeune mariée, puis une jeune fille innocente, presque une enfant dans sa candeur. Dans son second roman, écrit en 1957, Elizabeth Jane Howard choisit en effet une chronologie inversée pour effeuiller son personnage page après page, découvrant son cœur alors que les pétales tombent les uns après les autres. La protagoniste de l’incipit est une étrangère qui se révèle ainsi grâce aux analepses successives, comme une matriochka aux traits de plus en plus ingénus, l’autrice ciselant son visage et son caractère à coup de mots, à la manière d’une sculptrice littéraire hors-pair. De cette façon, c’est la version la plus âgée qui devient la plus lointaine alors que les chapitres se suivent, donnant envie de relire le début pour mieux comprendre l’évolution de l’héroïne, pour mieux percevoir l’impact des moments clefs que donne à lire la romancière britannique.
De 1950 à 1926, celle-ci suit donc posément le parcours d’Antonia, menée par les hommes de sa vie, le mari, le fils, mais déjà avant, l’amant, et le père dédaigneux, intellectuel indifférent. Se dégage en effet de ce dé-zoom un féminisme remarquable, délicat, mais obstiné, semblable à la plume précise et fastueuse, à une fleur frêle mais décidée, d’autant qu’Elizabeth Jane Howard alterne parfois les points de vue, laissant brièvement le devant de la scène à l’époux, au beau-fils potentiel, à l’amant ou même au premier amour, manière de mettre en avant Antonia et la façon dont elle a évolué, ou plutôt dont elle a été modelée par ceux qui sont entrés dans son existence.
Les décors sont ainsi aussi soigneusement décrits que les caractères, comme si souvent dans les livres d’Elizabeth Jane Howard, discrets autant que sensibles, délicats autant que voluptueux ainsi que le souligne Hilary Mantel dans une préface aussi détaillée et riche que La longue-vue.
Elizabeth Jane Howard - La longue-vue
La Table Ronde
464 pages
135 x 220 mm
24 euros
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