La légende de Beowulf

Critique : Moult cinéastes se sont inspirés du fameux poème moyenâgeux Beowulf, sans grand succès. Voilà qu’en 2007 son chant est à nouveau prêt à retentir dans les salles grâce à la ténacité de Robert Zemeckis. Celui-ci, fort du triomphe américain de son pourtant très oubliable Pôle Express, réutilise le procédé de la performance capture, qui consiste à capter les mouvements et expressions des acteurs pour un rendu à mi-chemin entre le film live et l’animation. Son utilisation sur Tom Hanks avait pourtant fait à l’époque quelques ravages dans l’incarnation de son personnage à l’écran. Qu’en est-il aujourd’hui chez Anthony Hopkins, Angelina Jolie, Ray Winston, et tous ces jolis noms du cinéma américain que l’on ne pourra décemment citer sans risquer de manquer de place ? Et bien un résultat techniquement inégal, mi-figue mi-raisin, avec des moments de flamboyance réussissant à offrir l’éclat qu’ils méritent à des acteurs volontaires, et des errements grossiers semblant tout droit sortis du dernier jeu vidéo à la mode. Un résultat technique par conséquent passable qui nous conduit à nous interroger sur la légitimité de ce choix artistique. Peter Jackson à travers sa trilogie fétiche nous a pourtant prouvé qu’on pouvait mettre en scène des aventures épiques monumentales sans recourir à l’animation (utilisée en 1978 lors de la première adaptation du Seigneur des anneaux). Alors pourquoi un pari aussi risqué ? D’autant que le public visé ne semble pas être le plus jeune, au vu de la violence des scènes d’action et de la crudité de certains propos.
Mais sous ce vernis, sous cet emballage, ou plutôt ce déballage d’effets spéciaux, qu’avons-nous réellement à nous mettre sous la dent ? Assurément pas un mauvais film. Une œuvre foncièrement épique s’il en faut, avec de vrais moments de bravoure virile, mâtinée d’une jolie ambiance celtique. Avec sa mécanique scénaristique simple mais efficace, Zemeckis prouve une fois encore sa capacité à plaire, sans surenchérir, simplement en plaçant son spectateur au cœur d’une action tonitruante. Il nous offre un vrai bon moment de cinéma à l’américaine, décomplexé et énergisant, qui saura très certainement dynamiser les files d’attente de fin d’année.