Le 25 mars 2009
Annie Girardot l’avait prédit, Madonna et Isabelle Adjani le confirment... Cette semaine au cinéma, c’est la crise !
Annie Girardot l’avait prédit, Madonna et Isabelle Adjani le confirment... Cette semaine au cinéma, c’est la crise !
Se plonger dans les archives jaunies du cinéma nous rappelle souvent qu’il ne faut pas assimiler le passé à l’Histoire, comme le démontre cet extrait du Film Français du 24 décembre 1976, dans lequel Annie Girardot, devin divine, répond avec clairvoyance aux rumeurs de sa candidature aux législatives sous les couleurs du P.S. :
« Je laisse la politique aux politiciens. Pour moi, il n’y a pas de socialistes ou de communistes : il y a une gauche qui doit être unie pour un mieux vivre car on va tous sauter. L’humanité va à sa perte, entraînée par l’argent. Il n’y aura plus d’arbres. On ne pourra plus boire d’eau. Il faut réveiller les gens. Lutter contre certaines monstruosités « légales », humainement insupportables. »
Ces propos sont aujourd’hui encore amèrement d’actualité. Depuis les menaces d’annihilation, vieilles de 33 ans, agitées par la comédienne, la sonnette d’alerte a été répétitivement tirée par les différents acteurs du 7e art, catastrophés, alors que le statu quo et le doute ont été choisis par les politiques, toujours frileux quant à la perspective d’une économie à plat. La récession à notre porte, ceux qui nous gouvernent ne pensent plus qu’à raviver les vieilles industries automobiles, quitte à contredire les mises en garde contre les énergies fossiles préconisées par les scientifiques. Il veulent ainsi restaurer la confiance des citoyens en revenant aux valeurs sûres, celles d’un passé inadapté aux changements climatiques et géopolitiques.
Devant un embourbement, financier, politique, écologique et éthique, le cinéma en 2009 a été globalement des plus pugnaces, quitte à renforcer le pessimisme général. La réflexion constante sur l’immigration, les conditions dramatiques dans lesquelles les clandestins essaient d’échapper à la misère et à la persécution, l’échec du capitalisme sauvage... Les auteurs de fiction et les documentaristes se sont donnés le mot pour nous alarmer. L’obsession de l’immigration (Eden à l’ouest, 14 Kilomètres, Un aller simple pour Maoré, Pour un instant de liberté et surtout Welcome qui a fait réagir plus d’un conservateur !), la mort de l’agriculture (Les brebis font de la résistance, Herbe), le conflit israélo-arabe (Z32), la montée de l’intégrisme religieux (Religolo), la déliquescence de la finance (L’enquête, Let’s make money)... Les clous ont été enfoncés là où cela fait mal. A bon entendeur... On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenus.
Cette semaine deux stars se sont jointes à cette lutte collective, nous rappelant à l’ordre sur nos préjugés et nos ignorances. Madonna pour le documentaire I am because we are sur la mort d’une nation, le Malawi, rongée par le sida, et Isabelle Adjani, remontée contre le repli communautariste de la société. Elle a déjà bouleversé plus de deux millions de Français, vendredi dernier sur Arte, avec sa Journée de la jupe, un téléfilm choc qui sort en salles ce mercredi. On soulignera le courage politique de chacune d’elles alors que les cyniques n’ont jamais été très tendres à leur égard. Cependant, s’il ne fallait faire qu’un choix, peut-être vaudrait-il mieux se diriger vers la descente aux enfers d’Adjani, formidable en prof dépressive, dont le cours de littérature revêt les allures d’une leçon de citoyenneté, âpre et violente, dont on ressort tout tourneboulé.
Aux spectateurs de réfléchir et d’en discuter, en faisant en sorte qu’à son niveau, les choses puissent changer. On en reparle dans 33 ans ?
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