Génération X
Le 9 février 2005
Un cri bouleversant pour dénoncer la haine des femmes, transmise de génération en génération.
- Auteur : Leïla Marouane
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Roman & fiction
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C’est une image qui se détache dans le flux de l’actualité, choquante, quasi irréelle. En charge du recrutement de kamikazes, ce barbu a envoyé une jeune femme se faire exploser dans un café bondé de Haïfa. Interrogé sur les conséquences de son choix, il explique avec assurance que la disparition de dix filles apporte moins de douleur à une famille que celle d’un garçon. Cette image nous en rappelle une autre, celle d’une femme algérienne arborant son rouge à lèvres lumineux comme un acte de résistance ou celle de ces filles courageuses qui défilent dans les rues parisiennes pour nous crier leur oppression à quelques kilomètres de là, cette retombée dans le Moyen-Age que nous refusons de voir à l’aube du troisième millénaire. Mais la barbarie nourrie aux mamelles de l’idiotie est toujours une réalité au Proche-Orient, dans le Maghreb, comme dans nos banlieues où la haine des femmes pousse comme du chiendent.
Seuls les mots peuvent faire reculer l’ignominie. Des mots qui n’ont pas pour seule vocation de stigmatiser mais également d’expliquer le mécanisme de ce qui nous semble être l’inconcevable. Des mots écrits avec autant de rage que de lucidité, alimentés par le souvenir comme par le talent. Des mots comme ceux de Leïla Marouane, écrivaine et journaliste originaire d’Algérie. Son dernier roman, La jeune fille et la mère, raconte comment la violence est subie dès le plus jeune âge par les filles pour ne cesser ensuite de les poursuivre. Ces filles non désirées, traînées comme des boulets, uniquement utilisées pour le plaisir et le confort des hommes.
Dénommée la Jeanne d’Arc des djebels, la mère de la narratrice a eu beau apporter son tribut à la lutte pour l’indépendance, elle n’en a pas moins été obligée d’abandonner toute ambition pour regagner le foyer et se mettre au service de son mari.
Son seul espoir est d’envoyer sa fille à l’école afin que cette dernière parvienne à fuir l’avenir réservé à sa condition : servir l’homme et enfanter sans relâche. Mais l’ambition d’une mère ne suffit pas à contrebalancer le poids de la tradition...
La phrase est nerveuse, le mot est saillant comme une blessure à vif, et l’émotion palpable à chacune des pages. Une nouvelle leçon littéraire pour servir la cause des femmes.
Leïla Marouane, La jeune fille et la mère, Seuil, 2005, 177 pages, 15 €
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