L’âme des poètes
Le 24 juin 2016
Premier long métrage en tant que réalisateur de Grégoire-Leprince Ringuet, ce drame romanesque et onirique est placé sous le signe de la poésie et de l’alexandrin.
- Réalisateur : Grégoire Leprince-Ringuet
- Acteurs : Grégoire Leprince-Ringuet, Pauline Caupenne, Amandine Truffy
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Alfama Films
- Durée : 1h49mn
- Box-office : 14.160 entrées France / 6.012 entrées PP
- Date de sortie : 22 juin 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Ondine et Paul se sont aimés. Quand elle le quitte, il jure qu’il n’aimera plus. Pour se le prouver, il poursuit la belle Camille, qu’il compte séduire et délaisser. Mais Camille envoûte Paul qu’elle désire pour elle seule. Et tandis qu’il succombe au charme de Camille, Paul affronte le souvenir de son amour passé.
- Copyright Alfama Films
Le temps n’est plus où une division stricte des tâches séparait le travail du réalisateur de celui du comédien. Grégoire Leprince-Ringuet, révélé en tant qu’acteur dans Les Égarés d’André Téchiné, se frotte à son tour à la mise en scène, plus proche de la veine auteuriste de Ryan Gosling (Lost River) que des ambitions commerciales d’un Guillaume Canet. Grégoire Leprince-Ringuet avait tourné dans des films aussi divers que Les Chansons d’amour de Christophe Honoré, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier et Une Histoire de fous de Robert Guédiguian. L’aura de romantisme qui a entouré ses rôles se retrouve dans son premier long métrage derrière la caméra, basé sur des poèmes personnels. L’originalité du film tient à ses dialogues, composés essentiellement d’alexandrins, et qui donnent d’emblée à l’œuvre un décalage touchant. La convention est similaire à l’utilisation du chant dans Les Parapluies de Charbourg et le spectateur adhère vite au dispositif, qui sombre rarement dans la préciosité ou l’exercice de style. La ronde des amours, la malédiction des sentiments et la souffrance affective empruntent beaucoup à la littérature, dont la tragédie antique et le théâtre de Racine ; mais le souffle d’autres dramaturges et poètes est présent en filigrane, de Hugo à Valéry en passant par Verlaine, Cocteau ou Prévert. Le personnage de la sœur (Marilyne Canto) établit ainsi une complicité comparable à celle qui unissait Les Enfants terribles, quand un mendiant sentencieux (Thierry Hancisse) fait écho au clochard prophétique (Jean Vilar) dans Les Portes de la nuit.
- Copyright Alfama Films
Ajoutons à cela l’ombre manifeste des auteurs de la Nouvelle Vague dont Demy ou le Rohmer des Amours d’Astrée et de Céladon et on pourrait penser que l’ami Grégoire croule un peu trop sous les références. Ce serait sous-estimer le recul et la finesse d’un jeune auteur qui réussit à se réapproprier ces influences. « Avec les vers non chantés, je crois qu’on peut aller vers une certaine complexité du rapport […] Les personnages s’expliquent, se disputent, argumentent. Et ça me plaisait qu’on puisse rattacher la versification à la dimension fantastique du film. Les vers invitent le spectateur à ouvrir son imagination », a déclaré Grégoire Leprince-Ringuet. Cet équilibre entre l’onirisme et un romanesque psychologique, s’il est loin d’être unique au cinéma, est ici d’une bonne tenue, et l’auteur joue habilement de plusieurs contrastes : entre jour et nuit, ville et nature, réalité et rêve, ciel et lac, sans oublier l’opposition entre les deux figures féminines que campent Pauline Caupenne (Camille) et Amandine Truffy (Ondine). Sans doute la durée du film (près de deux heures) finit-elle par engendrer une lassitude et un format moyen métrage aurait davantage convenu. En outre, Grégoire Leprince-Ringuet tire un peu trop la couverture devant la caméra, laissant parfois dans l’ombre d’excellents partenaires dont Antoine Chappey. Mais La Forêt de Quiquonces dévoile un charme réel et on ne saurait qu’encourager son auteur à poursuivre dans la voie du scénario et de la réalisation.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.