Mon exode préféré
Le 21 avril 2015
Avec ce film de commande, Téchiné se montre moins inspiré qu’à l’accoutumée, même si ces Egarés se laissent regarder.
- Réalisateur : André Téchiné
- Acteurs : Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel, Samuel Labarthe, Grégoire Leprince-Ringuet, Robert Eliot, Jean Fornerod
- Genre : Drame
- Distributeur : Mars Distribution
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 20 août 2003
- Festival : Festival de Cannes 2003
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Résumé : En juin 1940, alors que les Allemands sont aux portes de Paris, Odile, une institutrice, cède à la panique générale et fuit avec ses deux enfants, Philippe et Cathy, sur les routes de l’exode. À la suite d’une attaque de Stukas, la petite famille, qui a tout perdu, rencontre Yvan, un étrange adolescent au crâne rasé, attifé comme un clown. Tous les quatre vont se retrouver dans une maison abandonnée sans électricité où, provisoirement coupés du monde, obligés de se débrouiller pour survivre et livrés à eux-mêmes, ils vont vivre une drôle de guerre...
Critique : Pour son nouveau long métrage, André Téchiné a changé ses habitudes : délaissant les projets personnels, il a répondu à une commande de Jean-Pierre Ramsay-Lévi, producteur du film. Librement inspiré du livre de Gilles Perrault, Le garçon aux yeux gris, Les égarés trace le portrait d’une famille livrée à elle-même durant l’exode de juin 1940. Si le cinéaste se montre moins inspiré qu’à l’accoutumée, certaines scènes et une interprétation sans faille permettent à l’ensemble de rendre hommage à la "qualité" française de la production des années 70.
Après le décès de son mari, Odile (Emmanuelle Béart) emmène ses deux enfants vers le sud de la France, afin d’échapper aux horreurs de la guerre. Mais, sur les routes surpeuplées, la survie est difficile. Le deuxième jour du voyage les avions allemands mitraillent les colonnes de réfugiés. Avec l’aide d’un adolescent venu de nulle part, Odile et ses enfants vont s’éclipser hors du temps et vivre, dans une maison abandonnée depuis peu, une parenthèse troublante.
La guerre, omniprésente dans le prologue, au travers de scènes très réalistes, est absente du reste de l’histoire. Les protagonistes s’isolent du monde, parfois à leur corps défendant. L’adolescent, tombé du ciel telles les bombes allemandes, est-il ange ou démon, pour cette famille déboussolée par la mort du père ? Toutefois, l’important n’est pas de savoir qui il est mais plutôt comment les autres réagissent à son contact. À l’instar du personnage joué par Terence Stamp dans Théorème de Pasolini, il sert de révélateur et insinue le doute chez ses interlocuteurs. Les mystères de sa vie et de sa venue lui donnent un statut neutre qui permet à ceux qui le côtoient de projeter sur lui leurs propres désirs et aspirations. Institutrice, Odile voit sa théorie sociale bouleversée par le pragmatisme de l’adolescent ; Philippe, son fils de treize ans, est quant à lui la recherche d’une figure paternelle de remplacement. Cette parenthèse, dans toute sa beauté et sa douleur, lui aura permis d’accéder à l’authenticité des sentiments. Une sincérité que sa mère ne peut atteindre.
Malgré ses longueurs, le films d’André Téchiné atteint lui aussi des moments de grâce dans certaines scènes à la simplicité animale. La mise en scène, malgré la constance de la tension narrative, n’est malheureusement pas toujours à l’unisson. Trop soignée, elle perd en sincérité et s’échappe du naturalisme qui aurait renforcé le mystère et l’isolement.
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