Le pas des amants désunis
Le 29 août 2015
Dernière collaboration entre Marcel Carné et Jacques Prévert, ce film emblématique de leur univers se situe dans le contexte du Paris d’après-guerre.
- Réalisateur : Marcel Carné
- Acteurs : Serge Reggiani, Yves Montand, Pierre Brasseur, Saturnin Fabre, Nathalie Nattier
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution, Tamasa Distribution
- Durée : 1h40mn
- VOD : Arte Boutique, Canal VOD, La Cinetek, UniversCiné, Viva
- Reprise: 21 février 2018
- Date de sortie : 31 décembre 1946
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Résumé : Durant une nuit de février 1945 à Paris, Jean Diego se rend chez la femme de son copain, Raymond Lécuyer, pour lui annoncer la mort de son mari devant le peloton d’exécution des occupants nazis. Or, Raymond est bel et bien vivant. Un clochard, qui se présente comme étant le Destin, annonce à Jean qu’il va rencontrer, dans les heures à venir, « la plus belle fille au monde ».
Critique : Après le triomphe des Enfants du paradis, Marcel Carné entreprit à la Libération un film dont le récit était situé à son époque, ce qu’il n’avait plus fait depuis Le jour se lève, en 1939. En 1946, le cinéma français qui évoquait l’immédiat après-guerre ou les années qui précédaient se révélait être soit une célébration héroïque de la Résistance (La bataille du rail), soit un cinéma occultant la question politique de la France sous l’Occupation. Le mérite des Portes de la nuit est d’évoquer explicitement la collaboration, à travers les personnages de Sénéchal père (Saturnin Fabre) et fils (Serge Reggiani). À ces figures veules le cinéaste oppose les résistants Diego et Lécuyer (Raymond Bussières), ce dernier incarnant un cheminot communiste forcément valeureux et héroïque. Le caractère réaliste de l’intrigue est accentué par des plans du métro et la description des privations du petit peuple de Paris. Entre le souvenir des vieilles rengaines d’avant-guerre et les airs de jazz qui commençaient à imprégner les bistrots, ce sont des habitants qui se cherchent qui sont ici filmés.
En ce sens (uniquement), le film se rapproche des ambiances d’Allemagne année zéro ou Le troisième homme. Car la griffe poétique du scénariste et dialoguiste Prévert est bien présente, des déboires des amants désunis à l’atmosphère fantastique incarnée par un clochard qui n’est autre que le Destin (Jean Vilar), personnage symbolique qui fait écho au Diable des Visiteurs du soir. Les décors de Trauner ou la musique de Kosma sont en parfaite adéquation avec cet univers tant naturaliste que merveilleux. Et pourtant, Les portes de la nuit n’échappe pas un certain manque de rythme et une lourdeur symbolique qui résiste mal au verdict du temps. L’œuvre pêche aussi par la médiocre interprétation du couple vedette, Yves Montand et Nathalie Nattier, pales doublures de Jean Gabin et Marlene Dietrich, pour qui le film avait été écrit. Fort heureusement, des seconds rôles pittoresques leur donnent la réplique, de Carette en éternel titi à Mady Berry en voisine acerbe, en passant par Pierre Brasseur en époux crapuleux. Mal accueilli à sa sortie, Les portes de la nuit devait être la dernière collaboration de Marcel Carné et Jacques Prévert.
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