Le 20 juin 2015
Un « incunable » à découvrir , tant pour son intérêt propre que pour sa valeur historique.
- Réalisateur : Cecil B. DeMille
- Acteurs : Mabel Van Buren, Theodore Roberts, House Peters, Anita King, Sydney Deane
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Bac Films
- Durée : 55mn
- Titre original : The Girl of the Golden West
- Date de sortie : 4 janvier 1915
– Sortie DVD : le 11 mai 2015
Un « incunable » à découvrir , tant pour son intérêt propre que pour sa valeur historique.
L’argument : Dans un camp de mineurs, le shérif Jack Rance voudrait bien épouser la ’’fille’’, une orpheline héritière du saloon local.
Notre avis : Même si La Fille du Far West est une œuvre mineure dans la carrière de DeMille, on ne peut qu’être épaté par la maîtrise du jeune cinéaste. Certes, c’est son dixième film, mais il est tourné … la même année que le premier, en 1914, soit avant les débuts de John Ford et sensiblement en même temps que les expérimentations de Griffith. C’est dire l’intérêt historique de cette découverte : on voit déjà les codes du western bien établis (attaque de diligence, saloon, shérif...), avec néanmoins des originalités certaines. En effet, si DeMille utilise un argument classique (la rédemption d’un bandit par l’amour), avec le jeu outré garanti d’époque (encore que, comparé à certaines productions contemporaines, l’excès soit mesuré), il se permet des audaces troublantes quand on connaît le cinéaste réactionnaire qu’il deviendra. D’abord et surtout, c’est la femme qui mène la danse : le méchant repenti est particulièrement terne, et il passe une séquence entière effondré sur sa chaise. C’est elle qui le cache, elle qui triche au jeu pour le sauver , elle qui empêche le lynchage et ridiculise le shérif. On se croirait presque dans un film de Hawks, en voyant cette jeune femme décidée, forte, prête à tout.
Du point de vue moral, la surprise est totale : en somme le bandit doit sa vie à une tricherie. Quand « la fille » joue avec le shérif, dans une scène étonnante de suspens, DeMille cadre le jeu, les joueurs, et, en un subtil travelling, suit sa main qui va chercher la carte de la victoire. C’est cette ruse qui va permettre la punition du shérif (qui ne voulait faire que son devoir et a été trop lâche) et le happy end.
Le réalisateur réussit une autre séquence de suspens : lorsque le bandit est traqué chez « la fille », c’est du sang tombant du plafond qui le trahit, idée que, consciemment ou pas, Hawks utilisera dans Rio Bravo en 1959.
Bien sûr, tout n’est pas de la même veine, et globalement, les ressorts dramatiques sont faibles. De plus le racisme envers les Indiens, banal à cette époque, les montre paresseux ou fourbe. Mais on admire le sens du cadre, de la scénographie, qui éclate dans de nombreuses séquences et fait du film bien plus qu’une curiosité historique.
Les suppléments :
Quatre minutes suffisent à Patrick Brion pour l’analyse du film et des apports sur la pièce d’origine.
L’image :
Vu l’âge du film et l’absence de restauration, on pardonnera une copie parasitée, avec quelques plans très abîmés.
Le son :
L’accompagnement au piano est d’une belle présence.
Galerie Photos
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Claude Rieffel 21 juin 2015
La Fille du Far West - la critique + le test DVD
Sans vouloir minimiser l’apport de De Mille, il est probable que sa mise en scène s’appuie largement, pour cette première adaptation de la pièce à succès de David Belasco (1905), sur des productions théâtrales antérieures et qu’il avait certainement en tête aussi l’opéra La fanciulla del West, crée à grand renfort de publicité au Metropolitan Opera de New York le 10 novembre 1910 (avec Caruso dans le rôle de Dick Johnson). Le sang du bandit caché tombant sur la main du shériff et la partie de poker qui s’en suit constituent en effet un des sommets dramatiques de la partition de Puccini. Il y aura trois autres versions cinématographiques de la pièce (1923, 1930, 1938).