Délit de solidarité
Le 5 juillet 2018
Cette histoire d’amitié sur fond de toxicomanie est une bonne occasion de se demander si la dépendance affective est un substitut ou une bouée de sauvetage.
- Réalisateur : Marie Garel-Weiss
- Acteurs : Clémence Boisnard, Zita Hanrot, Pascal Rénéric
- Genre : Comédie dramatique
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 28 février 2018
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Sortie DVD : le 21 août 2018
Résumé : LA FETE EST FINIE, c’est l’histoire d’une renaissance, celle de Céleste et Sihem. Arrivées le même jour dans un centre de désintoxication, elles vont sceller une amitié indestructible. Celle-ci sera autant une force qu’un obstacle lorsque, virées du centre, elles se retrouvent livrées à elles-mêmes, à l’épreuve du monde réel et de ses tentations. Le vrai combat commence alors, celui de l’abstinence et de la liberté, celui vers la vie.
Notre avis : Il y n’a en fin de compte que deux façons de filmer le rapport à la drogue : le drame réaliste de ceux qui y succombent (L’Homme au bras d’or en est incontestablement le parangon) ou le délire lié à ses effets hallucinatoires (Las Vegas Parano est certainement celui qui est allé le plus loin sur cette voie). Quelques-uns, tels que Trainspotting ou Requiem for a dream, réussirent toutefois à sortir du lot en trouvant l’équilibre entre les deux. Marie Garel-Weiss a fait le choix d’adopter une approche très réaliste mais sans pour autant faire obliquer son film vers le drame. Elle n’a d’ailleurs jamais caché la part autobiographique qu’elle a mise dans son écriture. C’est assurément pour cette raison que celle qui a signa les scénarios d’Atomik Circus ou encore Goal of The Dead a tenu à réaliser elle-même celui-ci.
Cette sincérité se ressent dès le début dans la tendresse avec laquelle elle filme son personnage principal, Céleste. La jeune actrice qui l’incarne, Clémence Boisnard, avec ses faux airs de mini-Sara Forestier, réussit à lui faire dégager à la fois une énergie et une détresse qui la rendent immédiatement magnétique. La tournure que prend le scénario dans les premières nous emmène dans le quotidien de cette jeune toxicomane dans un centre de rééducation. Il est alors difficile d’envisager comment le long métrage va se maintenir jusqu’au bout dans ce microcosme maussade. C’est alors qu’apparaît le personnage de Sihem, interprétée par la toute aussi ensorcelante Zita Henrot, et que l’amitié entre les deux filles que tout semble opposer devient rapidement le cœur du film.
- Copyright Pyramide Distribution
Le fameux réalisme de la mise en scène n’est en fait transgressé qu’à une seule reprise. Non pas lors d’un trip hallucinogène (Marie Garel-Weiss avait d’ailleurs pensé en intégrer un, qu’elle a finalement jugé « prétentieux »), mais dans une scène purement romantique qui scelle la relation fusionnelle entre les deux protagonistes. Mais la meilleure idée du film repose assurément dans son point de rupture, à mi-parcours, lorsque le thérapeute du centre leur dit que leur amitié est ce qui va les perdre, avant de leur rendre leur liberté. Le scénario quitte alors sa zone de confort routinière pour nous faire suivre les difficultés que ces deux junkies vont avoir pour se réinsérer. L’enjeu majeur devient alors de donner tort à cet homme si sûr de lui.
Leur amitié va dès lors connaitre des hauts et des bas tandis que les spectateurs attendent de savoir si elles sauront résister à leur dépendance ou bien laquelle des deux va entraîner l’autre vers ses anciens démons. On peut ainsi dire que l’émotion de la première partie fait place à une certaine forme de suspense, même si certaines longueurs laissent par moment douter que la réalisatrice sache elle-même bien vers où elle mène son récit. Elle réussit cependant à retomber chaque fois sur ses pattes et à mener jusqu’à son terme son parallèle entre addiction à la drogue et dépendance affective, tout en s’interdisant de répondre clairement à la question des conséquences de leur amitié sur leur résistance à la drogue. Chacun verra dans le plan de fin la damnation ou l’espoir de rédemption qu’il veut y voir.
- Copyright Pyramide Distribution
Le DVD : sortie le 21 août 2018
Bonus : scènes coupées + entretien avec la réalisatrice.
- (C) Pyramide Vidéo
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