Le 22 mars 2005


Un entrepreneur au bord de la faillite se relance en héritant d’une ferme léguée avec les penchants sanguinaires de son ancêtre.
Un entrepreneur au bord de la faillite se relance en héritant d’une ferme léguée avec les penchants sanguinaires de son ancêtre.
Pour peu que l’on rêve de voir un jour les puissants renversés, on ne lira pas La fascination, de Tabajara Ruas. Et pour peu que l’on cherche dans la littérature brésilienne un style chaud, fiévreux, dansant, on ne le lira pas non plus. Ou alors juste pour voir. Pour se faire prendre à froid par cette histoire d’entrepreneur au bord de la faillite se relançant grâce à l’héritage d’une ferme à la campagne. Une propriété léguée avec le passé familial hanté par un ancêtre général qui, dans la cour de son hacienda, égorgea en une nuit cent cinquante soldats devant les yeux horrifiés et bientôt fermés à jamais de son épouse, à laquelle plaisait un peu trop le dernier des torturés.
La prose est sèche, dépouillée comme cette ombre que Lino, le sombre héros, voit apparaître à sa fenêtre. Rien ne traîne dans ce court roman noir, rien ne s’attache, et surtout pas le sang des petits, militaires hier, putains aujourd’hui, deux corps égorgés puis brûlés au fond d’un puit pour avoir risqué de faire trébucher, dans leur marche vers le pouvoir et l’argent, l’héritier et son fils, la relève, chez les salauds, étant assurée.
Tabajara Ruas, La fascination (O fascinio, traduit du brésilien par Geneviève Leibrich), Métailié, coll. "Littérature brésilienne", 2005, 108 pages, 14,50 €