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Le 1er décembre 2004
William T. Vollmann s’attache de nouveau à peindre ses héroïnes favorites, les prostituées, et extirper du cloaque quelques germes de beauté.
Un privé tombe amoureux de la reine des putes qui règne sur Tenderloin, le quartier chaud de San Francisco. Pour son nouveau roman, William T. Vollmann s’attache de nouveau à peindre ses héroïnes favorites, les prostituées, et extirper du cloaque quelques germes de beauté.
Il y a une semaine à peine, on apprenait par une dépêche d’agence la fermeture par la police brésilienne de Rio Fantasy. Basé à Rio de Janeiro, cette maison de prostitution virtuelle rassemblait des femmes se montrant dans des positions érotiques devant des webcams pour des clients internautes du monde entier. De la fiction à la réalité, parfois seule la localisation géographique varie, le Feminine Circus créé à Las Vegas par Brady, l’un des héros du dernier roman de William T. Vollmann, étant fondé sur le même principe de proxénétisme façon high tech que le bien réel Rio Fantasy dont le nom même n’aurait pas déparé l’univers littéraire de l’auteur américain.Avec son dernier roman, La famille royale, Vollmann continue en effet d’explorer les bas-fonds en poursuivant la mission qu’il s’est de toute apparence fixée : écorcher les corps, en faire jaillir les tripes et le cœur, raconter l’ordure et l’espoir, où qu’ils se nichent, et éradiquer toute énième tentative d’idéologie manichéenne, propre à nos sociétés modernes.
Les héroïnes préférées de Vollmann sont en effet des putes, mais non pas ces putes que l’on a embellies à travers la figure habituelle d’une Marie-Madeleine pécheresse, aux beaux cheveux étendus tels des draps soyeux sur une nudité resplendissante. Non, les putes vollmanniennes ne plairont guère aux amateurs d’érotisme esthétisant, qu’elles soient exposées dans Les nuits du papillon, Des putes pour Gloria ou le dernier roman de l’auteur La famille royale. Leurs oripeaux brillent certes mais de pisse et d’excrément, leur peau est constellée de pustules et plaies béantes à force de piquouses, et si leurs silhouettes scintillent dans la brume de Tenderloin, le quartier de débauche de San Francisco, c’est de sperme et de bave.
Toutes ces membres de la famille royale s’affairent telles des fourmis autour de leur Reine, une petite femme noire aux pouvoirs surnaturels. L’arrivée dans ce milieu de Tyler, un privé à la recherche de Maj, la reine, pour le compte de Brady, va destructurer cette petite communauté où chacun compte sur les autres, qu’il soit en proie à l’amour ou la haine, pour survivre dans cet univers sordide. Tyler, sorte de Caïn moderne face à son frère John, met en effet un pied dans la fourmilière, quitte à la détruire, et amorce lui-même une longue descente aux enfers ponctuée par son amour morbide pour Irène, sa belle-sœur suicidée, et Maj, la reine des putes.
De la déchéance surgissent amour et compassion, intenses et foisonnants, comme nourris par le purin qui parsème les champs, le tout raconté sur plus de neuf cents pages dans une prose très visuelle où la luxuriance des mots (chapeau bas au passage à Claro, le traducteur émérite de La famille royale) illumine la noirceur d’une Amérique rongée par le ver du vice et de l’argent. Reste dès lors une unique question : qui, des bien-pensants ou des Cananéens marqués par le mal, sera en vérité sauvé ?
William T. Vollmann, La famille royale (The royal family, traduit de l’américain par Claro), Actes Sud, 2004, 937 pages, 30 €
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