Futur proche
Le 23 janvier 2015
Une fable d’anticipation méconnue, par un maître du cinéma politique italien. Le film ressort dans une copie restaurée 2K.
- Réalisateur : Elio Petri
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Salvo Randone, Ursula Andress, Milo Quesada, Elsa Martinelli, George Wang, Massimo Serato, Anita Sanders
- Genre : Comédie dramatique, Science-fiction, Dystopie
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 1h32mn
- Reprise: 28 janvier 2015
- Titre original : La decima vittima
- Date de sortie : 10 février 1967
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– Année de production : 1965
Résumé : Dans un futur proche, sont régulièrement organisées des chasses à l’homme, pendant lesquelles les meurtres sont autorisés, afin de canaliser l’agressivité et la violence des êtres humains. Les participants sont d’abord chasseurs, puis chassés, jusqu’à atteindre le nombre de dix combats. Ceux qui parviennent à survivre jusqu’au bout deviennent alors riches et célèbres. Caroline arrive au dixième et ultime tour...
Critique : Futur réalisateur d’Enquête sur un citoyen au-dessous de tout soupçon (1970), modèle de cinéma politique et policier, Elio Petri s’est toujours passionné pour les maux de la société italienne. La dixième victime est une commande du producteur Carlo Ponti, montée autour de Marcello Mastroianni et Ursula Andress, qui avait explosé le box-office mondial en James Bond Girl dans Docteur No. Adaptation de La septième victime, une nouvelle de l’Américain Robert Sheckley, le film est à rattacher à la dystopie, courant de la science-fiction donnant une certaine représentation de l’avenir, et qui dans l’histoire du 7e art a donné des films aussi divers que Metropolis ou La mort en direct. On est ici dans une vision contre-utopique, proche de l’univers littéraire d’Orwell (1984). Cette mouvance a été particulièrement féconde dans les années 60 à l’écran, et Petri rejoint ici l’approche pessimiste de François Truffaut dans Fahrenheit 451, en adoptant toutefois un ton plus léger, mais sans tomber dans le second degré parodique du Godard d’Alphaville. Petri et ses scénaristes (dont le fidèle Tonino Guerra) ont d’abord greffé à la fable politique et sociale une intrigue sentimentale en trompe-l’œil, Caroline et son adversaire Marcello jouant au jeu du chat et de la souris avec des retournements de situation qui se poursuivront jusqu’au dénouement.
- Copyright 1964 SURF FILMS
Un ton de comédie noire est ainsi adopté, le rapport de séduction étant ambigu et l’attirance oscillant entre la sincérité et le calcul, sans que jamais le doute du spectateur ne soit dissipé. Mais c’est surtout la satire des médias et des institutions qui frappe le plus dans le scénario. À une époque où le divorce créait la polémique en Italie, Petri ose filmer un monde où il a été aboli, mais qui n’exclut pas les hypocrisies et compromis (le personnage de la maîtresse, incarné par la pétulante Elsa Martinelli). Quant à l’omniprésence malsaine et cynique de la télévision, elle anticipe la triste réalité du petit monde de Berlusconi... Mais Petri évite la charge lourde, contrairement à l’impression que donnera Le prix du danger (1982) d’Yves Boisset, autre adaptation de Sheckley. Au-delà de la parabole subtile sur l’inhumanité du monde moderne, La dixième victime frappe par ses décors majestueux, qui utilisent aussi bien le Colisée et le temple de Vénus qu’une création pop art de studio, magnifiée par la photo couleur de Gianni Di Venanzo. Au final, le film (longtemps invisible) est davantage qu’une curiosité, et ne saurait être assimilé à une œuvre mineure. C’est pourtant ainsi qu’il avait été perçu lors de sa sortie initiale. Le distributeur Carlotta permet au spectateurs français de le découvrir dans une copie restaurée en 2K. Le travail a été mené par la Cinémathèque de Bologne, en collaboration avec il Museo Nazionale del Cinema, au laboratoire L’Immagine Ritrovata.
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