Crime et châtiment
Le 20 août 2022
Elio Petri plonge dans la culpabilité d’un homme et livre un film à mi-chemin entre le genre policier et le drame social.
- Réalisateur : Elio Petri
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Micheline Presle, Salvo Randone, Francesco Grandjacquet, Andrea Checchi, Max Cartier, Cristina Gaioni
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 17 août 2022 13:35
- Chaîne : Arte
- Reprise: 20 juin 2012
- Titre original : L'assassino
- Date de sortie : 10 juillet 1964
- Festival : Festival de Berlin 1961
– Année de production : 1961
Résumé : Alfredo Martelli est un être infâme, antiquaire de métier, qui ne rate aucune occasion pour asseoir sa situation économique. Un beau matin, celui-ci voit débarquer dans son appartement la police, le convoquant au commissariat où on l’accuse du meurtre d’Adalgisa de Matteis, une ancienne maîtresse, associée dans ses affaires. Durant le long et pénible interrogatoire, Alfredo se remémore certains passages de sa vie où il eut un comportement peu reluisant...
- @ 1961 Aguila Films. Tous droits réservés
Critique : A priori, aucun doute sur la culpabilité d’Alfredo, cet "assassin" conjointement accusé par le titre et l’enquêteur. Tombée comme un couperet sur la gueule d’ange du héros, la sentence lui dénie toute présomption d’innocence et le plonge dans un flot de remords où s’enchevêtrent les souvenirs crapuleux (car Alfredo fut un amant peu intègre). Discours, plaidoyers, tentative de reconstitution d’un meurtre imaginaire, tout est bon pour faire valoir son innocence, et Alfredo/Marcello déploie(nt) un éventail remarquable de postures interrogeant au plus près la nécessité du "jeu" en période d’oppression existentielle. Car à la manière des Jours comptés, qui suivra la trajectoire d’un individu aux prises avec l’angoisse de la mort et mu par une soif soudaine de liberté, L’assassin constitue une vibrante interrogation de la "condition humaine", ici perçue à travers le prisme d’un itinéraire singulier, et qui n’est pas sans rappeler, par sa construction épique et ses allures de tragédie moderne, le travail romanesque d’un Dostoïevski.
- @ 1961 Aguila Films. Tous droits réservés
Servi par une impeccable copie, ce film d’Elio Petri, qui donnera au spectateur la belle occasion de (re)découvrir le tandem Presle - Mastroianni, n’a donc rien perdu de sa force corrosive, alors même que les crimes, arnaques et autres affaires judiciaires ne cessent de captiver les médias, parfois au risque de fâcheuses mésententes. L’occasion de prendre un peu de distance face aux évidences trompeuses, à travers une œuvre qui emprunte les codes du polar pour y glisser de subtils instants où l’individu, inclus de force dans un dispositif judiciaire trop calibré, se retranche dans sa mémoire, à la recherche d’une justification qui, peut-être, lui permettra d’échapper au drame assassin dont il est l’acteur.
- @ 1961 Aguila Films. Tous droits réservés / @ Carlotta Films
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Frédéric de Vençay 10 juin 2012
L’assassin - Elio Petri - critique
Variation italienne du "Procès" de Kafka, qu’on sent hantée par les fantômes du fascisme, "L’Assassin" est une oeuvre étonnante qui pourra aussi évoquer, quoiqu’à une échelle plus réduite, des fictions paranoïaques comme "1984" et "Monsieur Klein". Marcello Mastroinanni y compose un double charmeur et hâbleur de Joseph K. A son exemple, le film adopte un ton subtil entre comédie de l’Absurde et drame policier, révélant une gravité de plus en plus profonde au fur et à mesure que son personnage plonge en lui-même et s’y découvre des failles. La mise en scène et le montage, d’une étonnante modernité, jouent des flashs-back comme de véritables trouées temporelles agissant parfois au sein d’un même plan. Toutes ces qualités contribuent à faire de ce film méconnu l’une des rétrospectives les plus précieuses de l’année.