BD grand public sur le mode de la survivance, Seuls est un bel exercice d’équilibre, bien qu’un peu court pour l’instant.

Ils sont cinq, ils s’appellent Yvan, Camille, Leïla, Terry et Dodji et ils sont seuls au monde. En une nuit, leur vie a basculé, quelque chose s’est passé, quelque chose a fait que le monde des adultes qu’ils connaissaient a entièrement disparu. Dans les rues vides, il va falloir affronter de nouveaux dangers. Il va falloir se débrouiller, se nourrir, se protéger, faire tout ce dont les adultes se chargeaient d’habitude...
Le principe du "seul à la fin du monde" n’est pas nouveau, mais le transposer au monde des enfants est nettement plus osé. C’est avec une certaine minutie que Vehlmann nous décrit le quotidien de ces gosses livrés à eux-mêmes. Grâce à une petite palette de personnages aux caractères et aux âges différents, il dresse un tableau assez exhaustif des réactions probables. Cette série se voulant grand public, la juste mesure a dû être trouvée entre l’angoisse nécessaire à la crédibilité de l’intrigue et son accessibilité aux plus jeunes. Pari réussi, même si on aurait aimé un album qui ne s’arrête pas à une simple présentation des personnages. Le dessin est l’œuvre de Gazzotti. Son style se situe quelque part entre la BD traditionnelle de l’école de Marcinelle et un registre plus péchu avec ce découpage d’inspiration cinématographique qui a déjà fait les bons jours de Soda. Un album recommandable dès l’âge de dix ans, ce qui, en vertu du genre, en fait une série assez rare dans la production actuelle.