19.IX.75
Le 18 juin 2003
Dans un roman rempli de sensibilité et de subtilité, Rafael Chirbes peint avec talent la société espagnole face à la mort de Franco.


- Auteur : Rafael Chirbes
- Editeur : Rivages
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Espagnole

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Unité de temps. 19 novembre 1975. Franco s’éteint après trente-six ans de dictature. Chirbes décrit l’agonie du Caudillo avec une originalité et une finesse qui donne à ce roman historique toute son envergure.
Originalité parce que cette chute est racontée du point de vue d’anonymes, d’hommes et de femmes liés au franquisme dans la soumission, l’adoration ou l’opposition ; du point de vue de ceux qui subissent plus qu’il ne font l’Histoire. Et c’est la riche famille Ricart qui sert de socle à Chirbes, avec la confrontation de trois générations.
Le grand-père, José, vieil homme rescapé de la guerre contre les républicains ; le père, Tomás, incolore ; et les deux fils, Josémari, l’aîné, proche des idéaux phalangistes, et Quini, le cadet, étudiant en sociologie et accessoirement révolutionnaire anti-franquiste.
La finesse du livre réside dans la complexité des personnages dont la façade sociale est illuminée par les nuances d’une introspection, d’un face à face avec leur passé et leur avenir, avec les autres, leurs amis et leurs ennemis, et surtout avec l’Histoire, la chute d’un ordre établi qui plonge dans l’inconnu.
Au rythme de longues phrases, le lecteur se laisse parfois bercer, doucereux, parfois secouer, vertigineux, par le récit tour à tour sensuel et violent, mais reste l’esclave du narrateur, sans jamais pouvoir anticiper, sans être à aucun moment capable de dominer le tourbillon dans lequel il est entraîné. Plus dure sera la chute !
Rafael Chirbes, La chute de Madrid (La caida de Madrid, traduit de l’espagnol par Denise Laroutis), Rivages, 2003, 292 pages, 19,50 €