Universal War Two . Tome 3 : L’exode - La chronique BD

Le tome précédent avait fait la part belle à l’action, ce tome 3 fait place à une certaine réflexion. Coincés par une race extra-terrestre à la technologie largement supérieure, les personnages vont faire face non pas à l’ennemi, mais à la solitude et au désespoir. Le retour de Kalish est un peu pesant, car bien évidemment il prend beaucoup de place, mais rapidement les protagonistes le laissent de côté pour découvrir leur immense prison. Le premier cycle avait son trou de vers temporel, le second a les triangles qui peuvent punir une race entière. Pour le coup, pas de course poursuite à travers l’hyperespace ou de combats de vaisseaux, mais plutôt les réactions et sentiments des personnages. Toute la tension marque une pause d’un album, car pour le moment, les humains font face à une race de dieux. Et comme la solution n’est pas encore au rendez-vous, l’Exode en profite pour faire une certaine introspection, comme dans le texte sacré hébraïque en vérité. Ce lien avec les mythes bibliques reste cependant toujours discret, et si on voulait rapprocher d’un film récent, ce serait plutôt Interstellar. L’immensité de l’espace, la lutte pour la survie, on pourrait parfaitement coller la musique du film de Christopher Nolan sur les pages de Denis Bajram. Un petit clin d’œil au moment de rencontrer une civilisation extraterrestre avec la maîtrise de l’anglais par l’univers entier vient apporter une dose d’humour dans une œuvre qui reste très sérieuse et surtout excellente pour la littérature de science-fiction française, et la bande dessinée en général.

© Casterman

Pas de surprise au niveau graphique : les couleurs noires et rouges sont toujours majoritaires, donnant le ton de l’action, même si la découverte de planètes désertiques ou glacées permet de s’éloigner de l’atmosphère martienne. Mais cette ambiance, typique de Universal War, est franchement rassurante, au contraire des visages des nouveaux personnages, pas encore aussi attachants que l’étaient la bande de réprouvés du premier cycle. Le lecteur se retrouve comme d’habitude avec plaisir sur la passerelle du Genghis Khan ou à entendre les râleries du bon vieux Kalish  : au-delà de la nostalgie d’une série qui a révolutionné la narration du voyage dans le temps. On se doute qu’un nœud temporel ou un sacré rebondissement se cache dans les prochains tomes. Pour cela, il faudra encore patienter, mais toutes les bonnes séries ne se font pas en quelques mois.

© Casterman

Comme toujours élégant, bien maîtrisé et captivant, ce troisième tome ne continue pas sur la lancée exaltante du tome précédent, privilégiant ce qui a fait la force de la série : l’homme coincé dans l’espace et dans son destin.

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