Le 5 décembre 2023
Alice Rohrwacher reste fidèle à son univers, avec un récit narrativement audacieux qui comporte plusieurs séquences marquantes.
- Réalisateur : Alice Rohrwacher
- Acteurs : Isabella Rossellini, Alba Rohrwacher, Josh O’Connor, Vincenzo Nemolato, Carol Duarte, Luca Chikovani
- Genre : Drame, Policier
- Nationalité : Français, Italien, Suisse
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 18 novembre 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : La chimera
- Date de sortie : 6 décembre 2023
- Plus d'informations : "En quête d’émerveillement : les films d’Alice Rohrwacher" sur MUBI
- Festival : Festival de Cannes 2023
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– Festival de Cannes 2023 : Sélection officielle, en compétition
– Cannes 2023 : Prix des Cinémas Art et Essai
Résumé : De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa joyeuse bande de Tombaroli, ces pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands : il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina.
Critique : Révélée avec Corpo celeste, Alice Rohrwacher est l’auteure de deux autres films attachants, tous deux récompensés au Festival de Cannes : Les merveilles revisitait avec bonheur la tradition néoréaliste par le biais du conte, au même titre qu’Heureux comme Lazzaro, qui jouait davantage de la déconstruction narrative et de symboles mystiques. La chimère synthétise l’univers de la cinéaste, avec une connotation plus sombre (en dépit de rares passages maniant l’ironie), et sans la « joliesse » inhérente aux précédentes œuvres. Alice Rohrwacher n’hésite pas en effet à bousculer le confort de son spectateur, par de multiples ruptures de ton et des mélanges de genre, avec en outre une structure en forme de puzzle qui permet de dissiper progressivement les zones d’ombre de l’histoire. Avec la prouesse de laisser les spectateurs imprégnés de multiples scènes après la projection, quitte à en abandonner d’autres en cours de route.
- © 2023 Ad Vitam, Arte France Cinéma. Tous droits réservés.
Car Les chimères n’a rien du film aimable et attachant, avec son personnage principal peu taciturne (un Anglais d’Italie sortant de prison et replongeant aussitôt dans un trafic sordide), ses flash-back abscons et la volonté d’éliminer toute touche émotionnelle, sans toutefois le style distancié de Olmi ou des Taviani. Rohrwacher croit en la force de la mise en scène pour traiter un sujet de société en mode à la fois réaliste et décalé. Inspiré de souvenirs de jeunesse, le scénario aborde un thème peu traité par le cinéma en général. La cinéaste précise ainsi dans les notes d’intention : « Il me semblait nécessaire d’évoquer l’un des sujets les plus importants de l’Italie du XXe siècle, plus encore de l’Italie d’après-guerre : celui du marché des œuvres d’art anciennes et archéologiques et le trafic illicite que cela a engendré. Ce trafic s’est surtout produit en Étrurie. Il s’est enraciné auprès d’une génération révoltée, qui voulait, en quelque sorte, se venger d’une série d’injustices sociales ».
- © 2023 Ad Vitam, Arte France Cinéma. Tous droits réservés.
La réalisatrice propose un traitement original de ce matériau, tout en convoquant le souvenir de plusieurs jalons du cinéma transalpin. Arthur et ses potes sont un peu les héritiers des Vitelloni, leurs arnaques rappelant par ailleurs celles des personnages du Pigeon. Et si les séquences des fouilles archéologiques prolongent Voyage en Italie et Fellini Roma, la figure quasi christique d’Arthur fait écho (toute proportion gardée) à l’image de l’ange pasolinien de Théorème. La chimère est donc un jalon de plus dans la filmographie de la réalisatrice, appréciable malgré des longueurs sur la fin, et qui culmine avec une saisissante scène maritime de réunion au sommet du commerce de l’art (avec la troublante Alba Rohrwacher, sœur de la cinéaste, et son interprète fétiche). Les cinéphiles apprécieront de surcroît le retour d’Isabella Rossellini en matriarche ambigüe.
Compléments d’information : À l’occasion de la sortie du film au cinéma mercredi 6 décembre, retrouvez le cycle : "En quête d’émerveillement : les films d’Alice Rohrwacher" (1 court métrage et 5 longs métrages), actuellement disponible sur MUBI.
Omelia Contadina
2020, 10mn
Futura
2021, 108mn
Les merveilles
2014, 112mn
Four roads
2020, 8mn
Corpo celeste
2011, 95mn
Heureux comme Lazzaro
2018, 127mn
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