Le 22 octobre 2016
Une comédie enlevée, amusante, et qui met en valeur un couple d’acteurs promis à bien d’autres réussites.
- Réalisateur : Alessandro Blasetti
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Charles Boyer, Elisa Cegani, Titina De Filippo
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h40mn
- Titre original : La Fortuna di essere donna
- Date de sortie : 20 juin 1956
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– Sortie DVD : le 5 octobre 2016
Notre avis : Difficile de ne pas succomber au charme de cette comédie trépidante, portée par un duo d’acteurs au sommet (déjà) de leur art : voir les moues de Sophia Loren, l’agitation et les hésitations de Marcello Mastroianni, c’est un bonheur en soi, indépendant de la qualité du film. À de nombreux moments, on perd le fil de l’intrigue, assez mince il est vrai, pour savourer des séquences quasi-autonomes de pure séduction : un exemple entre mille, dans la longue scène dans le studio où elle se fait photographier en maillot puis serviette, cette scène qui se conclut par un baiser attendu, Blasetti suit sa comédienne pendant lui développe la photo. Elle arpente la pièce, s’allonge dans une magnifique pose alanguie, puis rejoint le laboratoire. Un seul travelling, amoureux, fasciné, pour l’accompagner et la mettre en valeur.
Proche de certaines comédies américaines sophistiquées, La chance d’être femme vaut également par son rythme : en mouvement permanent, d’où la profusion des mouvements de caméra, les personnages ne cessent de parler à la vitesse d’un crépitement de mitraillette (comme chez Hawks) et, quand ils se taisent, c’est une musique allègre qui les fait quasiment sautiller. Blasetti, avec son métier très sûr, a l’intelligence d’accompagner ses comédiens sans pour autant s’effacer totalement : tel plan qui voit surgir l’avocat-fiancé ridicule dans le champ, tel autre qui dévoile la chaise d’ Antonietta vide sont la marque d’une efficacité jamais prise en défaut. Tout concourt à une vitesse et un sentiment de précipitation constants.
Mais le film sait aussi jouer d’un certain cynisme : la « chance » du titre est la possibilité de manipuler les hommes ; mais tout le monde tente de manipuler tout le monde : le comte, le photographe et l’apprentie mannequin sont des roués, toujours en représentation, toujours dans le jeu. S’il y a bien une morale, elle vaut moins que la description d’un monde superficiel dans lequel chacun essaie d’exister au prix d’accommodements avec la réalité. Les rapports humains en sont faussés, reposant sur l’intérêt plus que sur le sentiment : le trajet des protagonistes est évidemment de récupérer leur humanité, loin des séries de conseils donnés par le comte.
Il faudrait ajouter la qualité d’un scénario très drôle, très enlevé, avec ses gags récurrents (les appels à la boucherie), ses reprises mot à mot d’une réplique par des personnages différents. Et le charme de Charles Boyer, excellent en Pygmalion escroc (même s’il faut s’habituer à son doublage approximatif) noyé dans ses mensonges. En ajoutant tous ces atouts, on obtient une réussite incontestable, un pur plaisir léger et sournoisement satirique, un vrai bonheur.
Les suppléments :
Jean A. Gili revient sur Blasetti, comparé aux professionnels américains, puis il fait le tour des ingrédients qui expliquent la réussite du film, et notamment le scénario. Entre anecdotes, analyse référentielle et précisions historiques, le critique fait partager avec gourmandise son goût pour cette comédie (20 minutes 30). Pas d’autre bonus à l’horizon, même pas une pauvre bande-annonce.
L’image :
Même restaurée, l’image manque de définition et de stabilité, avec parfois un léger halo. Évidemment, vu l’âge du film, on peut être magnanime, d’autant que les parasites ont heureusement déserté.
Le son :
La technique de post-synchronisation systématique crée une unité du son en même temps qu’une manière d’arasement. Mais la piste mono restaurée est débarrassée de toute scorie.
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