Les saisons du cœur
Le 16 septembre 2008
Christophe Honoré mitonne la meilleure adaptation à ce jour de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette.


- Réalisateur : Christophe Honoré
- Acteurs : Chantal Neuwirth, Chiara Mastroianni, Louis Garrel, Clotilde Hesme, Anaïs Demoustier, Grégoire Leprince-Ringuet, Léa Seydoux, Agathe Bonitzer, Esteban Carvajal Alegria, Dominic Gould, Valérie Lang, Esther Garrel, Johanna Bros
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 17 septembre 2008
Résumé : Junie (Léa Seydoux) met son lycée en coupe sombre sentimentale : à son corps défendant, elle fait tomber les garçons comme des mouches mais, se refuse à son professeur d’italien (Louis Garrel), un playboy qui fait battre son cœur..
Critique : C’est un pari quasi impossible qu’a relevé le réalisateur Christophe Honoré en filmant cette adaptation contemporaine de La Princesse de Clèves. Le récit de Madame de La Fayette, ancré dans les débats éthiques du XVIe siècle, risquait clairement de devenir un précis de ringardise dans la cour de récré où le cinéaste situe son intrigue. Mais les coups de cœur de lycéens bobos refaisant la carte du tendre au café du coin sonnent d’une justesse inouïe. Si Manoel de Oliveira (La Lettre) et Andrej Zulawski (La fidélité) s’y étaient cassé les dents, Honoré rend justice à ce classique fébrile, et emporte la mise en posant La Belle personne sur la toile de fond des Chansons d’amour.
Mêlant librement des embardées musicales (le solo chanté de Grégoire Leprince-Ringuet) et les chassés-croisés dont il s’est fait le spécialiste, Honoré étreint le corps de Junie en la personne de Léa Seydoux. La moue boudeuse rappelant Émilie Dequenne et Sophie Marceau, elle conduit le film sur les chemins de La Boum. Peut-être est-ce là la clé de cette adaptation réussie. Honoré file Le Princesse... sur les traces du film de Claude Pinoteau, renouant avec l’inspiration popu et midinette qui alimente son cinéma. Entre le rigorisme cinéphile du film (Philippe Garrel, une source évidente d’inspiration) et la vivacité amoureuse du scénario, La Belle Personne saigne le cœur d’un ouvrage que l’on croyait à tort inadaptable.
Norman06 29 avril 2009
La belle personne - Christophe Honoré - critique
Adaptation jeuniste et maniérée d’un classique de la littérature, cette bluette confirme le style précieux, quoique gracieux, de Christophe Honoré, qui signe un roman-photo décrivant les beaux sentiments dans le cadre doré du XVIe arrondissement (un contrepoids au film de Cantet ?). Les acteurs sont peu crédibles dans leur rôle, en dépit de la luminosité de Louis Garrel et de Grégoire Leprince-Ringuet dont le chant du cygne émeut. Il manque un Truffaut ou même un Deville pour insuffler un souffle romanesque à ce matériau, et ne pas se contenter de touches dans l’air du temps (la liaison entre les deux garçons, qui tombe comme un cheveu sur la soupe). Superficiel.