La belle de Saïgon - Victor Fleming - critique

Critique : La jeune femme, prénommée Vantine, est en fait arrivée par le même bateau que Guidon qu’elle a rencontré à Saïgon d’où, semble-t-il, il était temps qu’elle parte. Carson, bourru, qui n’aime ni les imprévus, ni les ennuis, la prévient qu’elle prendra dès le lendemain le bateau de retour pour la ville. Celle-ci, qui n’a pas froid aux yeux, n’est pas le moins du monde impressionnée par le ton martial du patron, qu’elle trouve par ailleurs bien de sa personne. Dès le lendemain arrive Gary Willis (Gene Raymond), accompagné de son épouse Barbara (Mary Astor). On attendait le couple, mais bien plus tard. Ingénieur, Willis doit travailler avec Carson. Vantine va prendre le bateau comme prévu, mais n’ira pas bien loin en raison d’une avarie qui l’oblige à faire demi-tour.
Tout ce petit monde va donc se retrouver chez Carson. Ce dernier, sensible à la classe de Barbara, va devoir soigner Willis atteint d’une forte fièvre.

L’exotisme de studio ne sert que de prétexte à un chassé-croisé amoureux qui ne va pas aller sans causer de graves problèmes.
Le quatuor d’acteurs est tout à fait à son aise dans cette adaptation théâtrale réussie, devant la caméra de Victor Fleming, le futur réalisateur de Autant en emporte le vent (Gone with the Wind 1939). Le film bénéficie aussi de dialogues percutants qui font mouche. Mais c’est particulièrement le duo Clark Gable/Jean Harlow qui bouscule l’intrigue avec des échanges de propos musclés qui flirtent souvent avec le double sens. Lui, viril et dur, elle sensuelle et nature dans ses tenues vaporeuses.

Une belle réussite de comédie exotique, qui pouvait encore se permettre des libertés, juste avant l’entrée en vigueur en 1934 du fameux code Hays, qui veillera drastiquement au respect des bonnes mœurs pendant trois bonnes décennies.

Clark Gable reprendra son rôle en 1953 sous la direction de John Ford pour le remake Mogambo. Le quatuor, cette fois, sera complété par Donald Sinden, mais surtout par... Grace Kelly et Ava Gardner !