Critique  : les sujets de la pièce sont éminemment ambitieux : décortiquer, analyser et retranscrire l’amour et ses pouvoirs. Doit-on, peut-on choisir entre l’amour propre, celui de l’autre ou un accomplissement qui nous dépasse ? La réponse ne peut être universelle. Chacune, chacun choisira en fonction de son histoire, de ses manques, de ses aspirations. L’auteure de la pièce s’y est attelée pour un résultat très dense. La Passion selon Anna Hakobyan : on pourrait qualifier ainsi son ouvrage.

Le dénouement est inattendu et la distribution de qualité en servant bien le spectacle. Les artistes offrent chacun un physique qui soutient particulièrement bien leurs personnages.

Adrien James est épatant de justesse. En incarnant le personnage de Pierre, secrétaire du dramaturge, il endosse le rôle le plus complexe de la pièce. Sa très bonne technique de comédien lui permet d’habiller admirablement les situations et les silences. Par sa présence, il arrive à saisir le public en alternant avec finesse les émotions et les tonalités de voix pour camper, sans pathos, un amoureux transi.

Jean-Pierre Cormarie développe avec talent un rôle de dramaturge tantôt pervers, tantôt fébrile. Par son jeu de regard, il vient cueillir les spectateurs en offrant une belle prestation.

Anna Hakobyan, tout en élégance en Olivia adulée par les hommes, et Maxim Robillot, nouveau comédien très prometteur, apportent un savoir-être à la cohésion de la troupe.

La mise en scène de Phillipe Vergeot est ingénieuse et recherchée pour sublimer le texte dense. Elle offre de belles respirations en aérant le texte grâce, aussi, à un jeu de lumières bien pensé. On perçoit une réelle qualité dans la direction d’acteurs, élément fondamental pour éviter l’écueil du mélo.