L’étonnant destin du premier missionnaire noir en Afrique du Sud.

Cupido Cancrelas naît en Afrique du Sud, en 1760, au sein du peuple khoi. Cerné de symboles, il grandit dans la magie des dieux de ses ancêtres, protégé par Heitsi-Eibib, le dieu chasseur, et croisant de loin en loin une mante religieuse, insecte porte-bonheur. Pourtant, Cupido grandit, et se découvre sur le tard une fascination pour la religion des missionnaires chrétiens : parce que certaines des histoires de la Bible lui rappellent les mythes de son peuple, mais aussi, peut-être, parce qu’il voit là le moyen d’accéder au monde des Blancs, un univers hiérarchisé hors de portée auparavant. Accepté au sein de l’Eglise, il devient le premier missionnaire noir du pays. Mais la religion des Blancs est-elle le choix le plus judicieux pour l’Hottentot qu’il demeure ?
Dans la veine de ses romans auscultant les racines de l’Afrique du Sud, notamment Un turbulant silence  [1], André Brink sonde ici les ambiguïtés des missionnaires blancs au tournant du XVIIIe et du IXIe siècles, du mysticisme teinté de bonne volonté à l’égard des indigènes des premiers arrivants à la logique de pouvoir de ceux qui suivent. Logique dont Cupido fera les frais...
Histoire d’une tragédie sobrement déroulée, L’insecte missionnaire est aussi un singulier hommage au Verbe : celui des histoires transmises par la parole et sans cesse réinventées, celui de l’écrit, qui fascine tant Cupido. "Moi aussi, je veux coucher des mots sur le papier. C’est une magie très puissante. Il y a de la vie dans cette chose qu’ils appellent l’écriture et elle court plus vite et plus loin que tu ne l’as jamais fait." Une vie et une magie réinventées par André Brink.