Les grandes reprises
Le 3 février 2024
Un western d’une violence flamboyante pour marquer d’une pierre blanche la première contribution d’Eastwood au genre.
- Réalisateur : Clint Eastwood
- Acteurs : Clint Eastwood, Verna Bloom, Mitch Ryan , Geoffrey Lewis, Richard Bull, Marianna Hill, John Hillerman, Walter Barnes, Stefan Gierasch, William O’Connell
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Théâtre du Temple
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 1h45min
- Date télé : 3 mai 2024 23:25
- Chaîne : Paris Première
- Reprise: 2 juillet 2003
- Titre original : High Plains Drifter
- Date de sortie : 23 août 1973
Résumé : Venu de nulle part, un cavalier taciturne surgit dans la petite ville de Lago, en plein désert, et découvre une population terrorisée par l’imminente sortie de prison de trois hors-la-loi. L’homme sans nom est engagé pour défendre la ville. En contre-partie, il aura droit à tout ce qu’il voudra. Les habitants de Lago vont bientôt le regretter...
Critique : Dans son deuxième film en tant que réalisateur, Clint Eastwood paie sa dette au western spaghetti et à Sergio Leone qui l’a tiré de l’anonymat. En ces années 70 où les mythes étaient sérieusement mis à mal et le western revisité par des iconoclastes tel Robert Altman dans son crépusculaire John McCabe, Eastwood, d’emblée, pose sa marque en tant que cinéaste sortant des sentiers battus.
Revisitant à sa manière une histoire classique, celle d’une ville écrasée par la peur et la couardise (on pense bien sûr au Train sifflera trois fois), il nous fait passer de l’autre côté du miroir. Chez lui, point d’héroïsme et surtout point de (bons) sentiments. Tout n’est qu’abjection. Les hommes sont des loups pour les hommes et, dans la lutte pour le pouvoir, ne s’en sort que le plus cruel de la meute. Dans cet exercice, Stranger (l’étranger) dépassera les bornes de l’imaginable et, sous couvert de la protéger, mettra la ville en coupe réglée, obligeant même, dans une séquence inoubliable, ses habitants à la peindre en rouge et à lui donner le nom de Hell (l’enfer). C’est que, bien sûr, ceux-ci ne sont pas des anges comme on le découvrira petit à petit, grâce à un scénario diaboliquement bien ficelé.
Violent, dépouillé, plein de mystère, de symbolisme, débordant de cynisme, surréaliste par certains côtés oniriques et sous-tendu d’ironie, L’homme des hautes plaines est un film splendidement construit, splendidement joué et splendidement filmé. Il est de ceux qui flamboient d’emblée et font dire qu’un metteur en scène débutant a une grande carrière devant lui. Ce que Clint Eastwood prouvera à de multiples reprises par la suite. Parmi tous les genres auxquels il s’est essayé avec le bonheur que l’on sait, le western occupe une place à part : Pale Rider (1985) et Unforgiven (Impitoyable, 1992) viendront plus tard le démontrer de magistrale manière.
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ivanovitch2a 5 juin 2009
L’homme des hautes plaines - Clint Eastwood - critique
Le titre original "High Plain’s Drifter" donne beaucoup mieux le ton que le titre français choisit par un distributeur peu scrupuleux qui en arrov& même à occulter l’un des aspect majeur du film : son coté fantastique.
La traduction littéraire serait plutôt : "le errant des hautes plaines", et, en effet, Eastwood surgit du néant tel un fantôme. Même la réplique finale nous indique comment lire cette histoire : au moment où le nain Mordecaï doit écrire un nom sur la tombe du sheriff qu’Eastwood vient de vengeril lui demande "quel est ce nom" et Eastwood répond : "c’est le mien".
Ainsi donc, le metteur en scène laisse le soin au spectateur de tirer ses propres conclusions quant à l’identité de l’homme sans nom : vengeur d’un membre de sa famille pour les plus cartésien ou fantôme revenu de l’au-delà. Mais il ne faut pas oublier que dans la culture littéraire américaine le fantastique est très souvent présent et n’est absolument pas considéré comme un genre mineur (cf Poe, Bierce).
De plus dans la séquence du générique de fin, on peut voir le cavalier disparaître dans la brume de chaleur aux abords des montagnes là où l’on devrait pouvoir normalement le distinguer pendant un long moment. Le message est clair.
Il est à noter que le personnage de Pale Rider surgit du néant montant un cheval identique et semblant sortir d’un même brouillard et de la montagne. Et il s’agit là aussi d’un fantôme (les impacts de balles dans son dos). Suite non avouée ? Continuité des thèmes ? Les deux films sont à voir ensemble afin d’en avoir une lecture complète.
Western crépusculaire donc, fantastique également, racontant une histoire qui pourrait être banale mais réalisé avec une maîtrise absolue. A l’époque, Benichou du Point avait qualifié ce film de western quasi marin tant l’eau (du lac de la ville) était omniprésente. Il s’agit véritablement d’un voyage initiatique où les 4 éléments apparaissent.
En bref, un film remarquable, probablement le premier vrai film d’auteur d’Eastwood, qui le spectateur peut voir et revoir en en découvrant les nombreux niveaux de lecture.