fiction vérité
Le 26 décembre 2011
Le premier vrai-faux documentaire d’Imamura, ludique et déstabilisant.
- Réalisateur : Shohei Imamura
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Choses vues
- Durée : 2h10
- Titre original : Ningen jôhatsu
- Date de sortie : 13 mars 2002
- Plus d'informations : http://www.choses-vues.com/blog/
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– Année de production : 1967
– Reprise en salles (France) : 3 août 2011
– Sortie en DVD (France) : 21 décembre 2011
Le premier vrai-faux documentaire d’Imamura, ludique et déstabilisant.
L’argument : Tadashi Oshima, un agent commercial trentenaire, a disparu en emportant l’argent de son entreprise. Yoshie, sa fiancée lance un avis de recherche et part enquêter avec une équipe de tournage. Peu à peu, à travers les témoignages des personnes qui le connaissaient, se dessine le portrait du disparu : un homme à la fois timide et chapardeur, aimant boire, séduisant les femmes et entretenant une liaison secrète avec Sayo, la propre sœur de Yoshie. Plus l’enquête documentaire avance plus le mystère s’épaissit. La confrontation des deux sœurs qui se haïssent depuis l’enfance donne lieu à un terrifiant happening familial. L’homme reste introuvable…
Notre avis : Co-produite par ATG, cette première incursion de Shôhei Imamura dans le documentaire, genre auquel il se consacrera pendant dix ans après l’échec de Profond désir des dieux (1968), est restée inédite en France jusqu’en 2002. C’est pourtant une pièce majeure de l’oeuvre du cinéaste.
Avec l’humour décapant et le sens de la provocation qui lui sont propres, l’auteur de cochons et cuirassés, feint d’abord d’emprunter sagement la voie du film-enquête mais Ningen jôhatsu - l’évaporation de l’homme quitte rapidement les sentiers battus pour mettre à jour l’impossibilité de l’enregistrement objectif du réel. Le travail de mise en scène et la transformation inévitable de tous les intervenants en personnages de fiction deviennent bientôt le sujet même du film.
- L’évaporation de l’homme
Un indéniable côté théorique renforce encore l’aspect ludique et déstabilisant d’une entreprise qui ressemble à un périlleux jeu de construction visant à faire surgir des failles où se révèlera une vérité paradoxale.
A l’époque de la télé-réalité ce film de 1967 est plus que jamais d’actualité. Il continue de surprendre par sa vivifiante crudité et son imparable pertinence.
Lire la critique de Gérard Crespo
Le DVD
- L’évaporation de l’homme
Après une reprise en salles l’été dernier, ce passionnant vrai-faux documentaire est le premier d’une série de films du cinéaste édités en DVD par Choses Vues.
Les suppléments
– De facture plus classique, Les Pirates de Bubuan - Bubuan no kaizoku (1972), révèle, au fil d’une enquête attentive évitant le sensationnalisme, les relations complexes qui relient les membres d’une petite communauté très pauvre de l’archipel des Philippines aux bandes de pirates qui les exploitent.
Ce documentaire de 47 minutes s’avère passionnant malgré une facture télévisuelle et la musique un brin lénifiante. On pourra aussi être agacé par le doublage en japonais des intervenants philippins qui semblent ainsi dialoguer avec le commentateur.
– Des extraits de trois autres documentaires d’Imamura constituent une alléchante bande annonce pour la suite promise de la série.
Image
Affectant un air faussement négligé conforme au statut de documentaire pris sur le vif affiché par le film, la photo en noir et blanc de Kenji Ishiguro est en fait très travaillée et le report, impeccable, la restitue parfaitement.
Son
Le son mono, bien entendu, et parfois précaire (les interventions enregistrées au magnétophone, souvent ostensiblement décalées par rapport à l’image) est d’une propreté sans bavures et permet aux compositions de Toshirô Mayuzumi d’exercer leur pouvoir déstabilisant, à l’opposé de la fonction de liant confiée habituellement à la musique de film.
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