Le 5 janvier 2024
- Scénariste : Hervé Loiselet>
- Dessinateur : Antonin
- Genre : Historique
- Editeur : Philéas
- Famille : Roman graphique
Comment réagir quand le peuple de Paris est en fusion ? Qui pour remplacer Charles X dès lors que son abdication devient nécessaire pour calmer la fièvre ? Autant de questions qui taraudent le gouvernement et intriguant en juillet 1830, lorsque le peuple insurgé entre en révolution.
Résumé : Frère de Louis XVI, le roi Charles X règne depuis 1824 et rêve d’un retour à l’Ancien Régime : il faut « renouer la chaîne des temps » après la parenthèse révolutionnaire. Toutefois, la Restauration mise en place depuis 1815 est une monarchie constitutionnelle qui applique une forme de séparation des pouvoirs, laissant une place à une forme d’opposition, incarnée à la Chambre des députés par les libéraux. Charles X ne tolère guère cette opposition si bien que, le 25 juillet 1830, il signe des ordonnances qui suppriment la liberté de la presse et provoquent la dissolution de la Chambre des députés. Ce geste d’autorité – inspiré par le parti ultraroyaliste – met le feu aux poudres : les journaux libéraux, en particulier Le National d’Adolphe Thiers, refusent de se censurer et en appellent au peuple de Paris, qui se soulève. L’insurrection provoque une violente répression, qui n’éteint pas l’incendie. Les intrigues de pouvoir au sein des ministères et du Salon de la comtesse de Boigne conduisent Louis-Philippe, cousin de Charles X, à reprendre le couronne.
Critique :Adapté du roman éponyme de Camille Pascal, L’été des quatre rois revient sur un épisode emblématique du XIXe siècle français : la révolution de 1830, qui conduit Louis-Philippe au pouvoir, au détriment de Charles X. Mais comment le cousin du roi, membre des Orléans – branche cadette de la famille royale – et dont le père (« Philippe Égalité ») a voté la mort de Louis XVI en 1793, a-t-il finalement pris le pouvoir ? Pourquoi la chute de Charles X n’a-t-il pas vu naître une nouvelle république, comme en 1792 ? C’est à ces questions que l’album répond en reconstituant les événements de façon chronologique, depuis la signature des ordonnances le 25 juillet 1830 jusqu’au 1er août 1830, moment où Charles X se résout à confier les rênes du pouvoir à Louis-Philippe, qu’il ne porte pourtant pas dans son cœur. Le récit multiplie les personnages et les points de vue, de Charles X à Adolphe Thiers jusqu’à Mme de Boigne en passant par l’inusable Talleyrand, pour offrir un regard d’ensemble sur ces chaudes journées d’été. L’ensemble aurait cependant mérité une pagination plus importante : résumer un roman de 600 pages et des événements complexes en 80 planches s’avère une tâche ardue.
- Hervé Loiselet, Antonin / Philéas
L’été des quatre rois souligne l’incompétence des proches du roi, membre du parti « ultra » déconnectés des réalités sociales et politiques du pays puis met en scène les intrigues de palais qui conduisent au choix de Louis-Philippe. Ce dernier est en particulier soutenu par Adolphe Thiers et une bourgeoisie hostile à un régime républicain. Dans un véritable théâtre de papier, les scènes et les personnages se succèdent de façon rapide, si bien que la galerie de portraits et la généalogie de la famille royale présentes en première page s’avèrent précieuses pour suivre le déroulé des événements.
- Hervé Loiselet, Antonin / Philéas
L’album est porté par le trait très élégant d’Antonin Dubuisson, qui reconstitue avec minutie décors – avec un soin particulier pour ceux d’intérieurs – et costumes. Le Paris révolutionnaire reprend vie, et on prend plaisir à consulter le garde de l’album, qui présentent une carte de Paris avec les espaces de pouvoir et les lieux d’affrontement. Le dessinateur force le trait, notamment le nez, de ses personnages pour les rendre plus expressifs et reconnaissables – les connaisseurs verront que le visage de Louis-Philippe ressemble à une poire, ainsi que l’a représenté en son temps le caricaturiste Charles Philipon –, ce qui renforce le caractère théâtral du récit.
Avec son rythme enlevé, L’été des quatre rois entraîne son lecteur dans les chaudes journées de Juillet, durant lesquelles la monarchie vacille sous les coups des révolutionnaires, avant de trouver en Louis-Philippe un successeur moins dogmatique. Ce n’est que partie remise : en 1848, Louis-Philippe est à son tour renversé par une révolution. Mais c’est une autre histoire.
88 pages – 19,90 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.