Styx
Le 8 mai 2011
Cette incroyable fantasmagorie de fête foraine, film-culte et véritable feu d’artifice formel, est une des oeuvres les plus extravagantes de Nobuo Nakagawa, grand maître de l’horreur japonaise des années 50, cousin à la fois de Mario Bava et de Kenneth Anger.
- Réalisateur : Nobuo Nakagawa
- Acteurs : Shigeru Amachi, Yôichi Numata, Torahiko Nakamura, Fumiko Miyata, Utako Mitsuya
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h41mn
- Titre original : 地獄 - jigoku
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Le Cinéma japonais au surnaturel : les spectres de la Japan Horror
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– Sortie au Japon : 30 juillet 1960
Cette incroyable fantasmagorie de fête foraine, film-culte et véritable feu d’artifice formel, est une des oeuvres les plus extravagantes de Nobuo Nakagawa, grand maître de l’horreur japonaise des années 50, cousin à la fois de Mario Bava et de Kenneth Anger.
L’argument : Deux étudiants, Shimizu et Tamura, renversent en voiture un ivrogne. Shimizu veut se dénoncer à la police, mais son camarade l’en empêche. Il est tourmenté par sa conscience, et l’image de la mort le hante de plus en plus.
Notre avis : Dernier d’une série de neuf films d’horreur réalisés par Nobuo Nakagawa (1905 -1984) pour la Shin - Tôho, firme spécialisée dans les films de genre à petit budget, Jigoku - L’Enfer fait suite, dans la carrière du réalisateur, à deux autres perles, également présentées à la MCJP dans le cycle J-horror : Le manoir du chat fantôme (1958) et Tôkaidô yatsuya kaidan - Histoire de fantômes japonais (1959), brillant mixte de kabuki et de film gothique, généralement considéré comme la meilleure parmis les innombrables adaptations cinématographiques de L’Histoire de fantôme de Yotsuya , la pièce de Tsuruya Nanboku IV (1825).
Encore plus original et excentrique que les précédents L’Enfer est un véritable laboratoire d’expérimentations formelles et a rapidement acquis un statut de film culte, influençant nombre de films ultérieurs. Et on ne s’étonnera pas que l’éditeur américain Criterion l’ait inclus (en 2006) dans son prestigieux catalogue DVD.
C’est avant tout le dernier tiers du métrage, consacré à la description des supplices infernaux, qui a fait la réputation du film. L’Enfer bouddhique y rencontre celui de Dante (voir L’Inferno) et les étonnants décors de Haruyasu Kurosawa, le travail sur la photo (en particulier sur les couleurs raréfiées) de Mamoru Morita, les effets spéciaux (artisanaux mais très efficaces) font se rencontrer les influences les plus diverses dans un maelstrom étourdissant digne de Jérôme Bosch et naviguant allègrement entre le kitsch assumé et le sublime.
Mais la première partie, située dans le monde réel et racontée en flashback par le héros mort, est peut-être plus étonnante encore.
Car le rythme étrange d’une narration qui se moque totalement de la vraisemblance et de la logique, le mélange d’esthétique expressionniste et de pop art, les incessantes trouvailles formelles (angles biscornus, éclairages déroutants, couleurs agressives), la ronde de pantins fantomatiques apparaissant et disparaissant autour du héros hébété et de son double maléfique (Yôichi Numata, grandiose), la touche de grotesque partout présente parviennent à installer une véritable inquiétude, un sens de l’absurde qui déstabilise plus surement le spectateur que l’éblouissant spectacle de foire final.
Déjà étonnant en ténébreux Iemon de Tôkaidô yatsuya kaidan Shigeru Amachi confère au personnage totalement passif de Shimizu, revivant comme absent à lui même les étapes de son parcours dostoïevskien ou spectateur hagard des supplices infernaux, une espèce de mélancolie résignée et insondable qui contribue à donner au film une véritable étrangeté.
Car au delà du plaisir jubilatoire que provoque son prodigieux feu d’artifice formel, Jigoku révèle en Nakagawa, bricoleur génial saisi par l’ange du bizarre, un poète de la péllicule cousin à la fois de Mario Bava et de Kenneth Anger.
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