Salaud lumineux
Le 16 août 2013
Jacques Vergès passé au crible par Barbet Schroeder. Passionnant.
- Réalisateur : Barbet Schroeder
- Genre : Documentaire, Biopic, Politique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Écrans de Paris
- Durée : 2h15mn
- Date de sortie : 6 juin 2007
- Plus d'informations : Le site du film :
- Festival : Festival de Cannes 2007
Résumé : Communiste, anticolonialiste, d’extrême droite ? Quelle conviction guide Jacques Vergès ? Barbet Schroeder mène l’enquête pour élucider le "mystère". Au départ de la carrière de cet avocat énigmatique : la guerre d’Algérie et Djamilah Bouhired, la pasionaria qui porte la volonté de libération de son peuple. Le jeune homme de loi épouse la cause anticolonialiste, et la femme. Puis disparaît huit ans. À son retour, Vergès défend les terroristes de tous horizons (Magdalena Kopp, Anis Naccache, Carlos) et des monstres historiques tels que Barbie. D’affaires sulfureuses en déflagrations terroristes, Barbet Schroeder suit les méandres empruntés par " L’avocat de la terreur ", aux confins du politique et du judiciaire. Le cinéaste explore, questionne l’histoire du " terrorisme aveugle " et met à jour des connexions qui donnent le vertige.
Critique : Première constatation à la sortie de L’avocat de la terreur : il y a du Jacques Vergès en Barbet Schroeder (et réciproquement). Les deux hommes semblent partager le même regard dérisoire sur l’existence en arborant ce même courage qui consiste à affronter l’impossible. Vergès a adoré défendre Klaus Barbie uniquement pour le défi inhumain ; Schroeder a signé plein d’objets sulfureux qui s’asseyaient sur la morale bien-pensante à l’instar des géniaux Maîtresse (sur le sado-masochisme) ou More (sur la drogue). La raison pour laquelle cet Avocat de la terreur passionne vient de cette alchimie à la fois complice et méfiante entre les deux hommes. Car, pour traiter du cas Vergès, il fallait une voix singulière qui manie l’ambiguïté et le doute ; et pas un documentariste de rien. Si on le connaît davantage pour ses fictions, rappelons tout de même que le trop rare Schroeder a naguère réalisé pléthore de docus passionnants notamment sur le général Idi Amin Dada.
Dans ces conditions assurées, le documentaire peut déployer ses images d’archives, donner à voir ses témoignages fiévreux, asséner ses révélations crues, creuser ses mystères indicibles sans nécessairement donner toutes les réponses aux questions que l’on se pose (la raison pour laquelle Vergès s’est absenté pendant huit ans). Le parcours de cet avocat du diable est si dense et riche que Schroeder essaye au maximum de coller à ce cheminement erratique en saturant d’informations (les militants du FLN Algérien, le banquier suisse François Genoud, les Khmers rouges, Rachida Bouhired, le procès Klaus Barbie). Cette rigueur extrême devient la qualité la plus sure de ce thriller vérité qui ne trahit pas l’humour cynique de l’avocat intelligent (malin et séducteur comme le diable) et rappelle accessoirement la bonne santé d’un cinéaste insaisissable qui se joue de la frontière entre le cinéma comme art du mensonge et la vérité, comme témoignage du vice. Dans ce travail d’investigation, il finit néanmoins par avouer sa propre limite : une vraie fascination pour Vergès. Comme s’il était tombé sur plus mystérieux que lui-même.
Jacques Vergès est décédé le 15 août 2013, à l’âge de 88 ans.
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Norman06 26 avril 2009
L’avocat de la terreur - Barbet Schroeder - critique
Passionnant documentaire qui ravira à la fois les pro et anti-Vergès. Document historique passionnant sur une personnalité juridique aussi brillante que machiavélique. À voir absolument !