La loi et l’ordre
Le 20 septembre 2009
Narcissique et maladroit, William Kunstler : disturbing the universe n’en n’est pas moins un documentaire approfondi et argumenté sur un avocat dont les choix de carrière ont marqué l’opinion publique et la justice américaine.
- Réalisateurs : Sarah Kunstler - Emily Kunstler
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Festival : Festival de Deauville 2009
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Durée : 1h25mn
Narcissique et maladroit, William Kunstler : disturbing the universe n’en n’est pas moins un documentaire approfondi et argumenté sur un avocat dont les choix de carrière ont marqué l’opinion publique et la justice américaine.
L’argument : William Kunstler était l’un des avocats les plus célèbres et les plus controversés du vingtième siècle. Il s’est battu pour les droits civiques et a représenté des activistes antimilitaristes, mais aussi des terroristes et des assassins. Ce documentaire est mis en scène par les deux filles de William Kunstler qui explorent ainsi la vie de leur père : du père de famille issu de la classe moyenne à l’avocat engagé qui deviendra finalement le plus détesté d’Amérique.
Notre avis : William Kunstler n’est pas un nom familier en France, ni même en Europe, mais il est par contre très connu outre-Atlantique, sur le territoire des États-Unis. Cet avocat a lutté à la fois pour les droits civiques des minorités (particulièrement des Indiens) et a défendu des crimes odieux comme des viols, et des terroristes : c’est ce paradoxe qui a rendu William Kunstler si (im)populaire.
William Kunstler : disturbing the universe retrace de manière exhaustive le parcours de cet homme en n’omettant aucune étape de sa carrière et détaillant ses divers engagements. Le travail documentaire fourni par les réalisatrices est fouillé, regorgeant d’archives télévisées. Elles ont par ailleurs réussi à se procurer des dossiers inédits provenant du F.B.I, présentant ainsi un large panel des activités de l’homme de loi et leurs conséquences.
Le long-métrage réalisé par les deux filles de William Kunstler a manifestement pour but de réhabiliter l’avocat dont l’image est entachée de trop nombreux choix considérés comme douteux ou malvenus par les journalistes et l’opinion publique américaine. Ayant vécu la carrière de leur père au sein du foyer familial, les réalisatrices pensent être ainsi ainsi à même de rendre compte des sacrifices et du travail produit par cet homme. Pour cela, Sarah et Émily Kunstler exploitent les médias (télévision, journaux) qui ont forgé la réputation de leur père ; celui-ci n’hésitait d’ailleurs pas à exposer publiquement ses convictions, que cela serve ou détruise son capital sympathie. Dans leur démarche, elles lui rendent hommage : après des années de rejet, elles ont compris la complexité de ses prises de position et partagent sa version des faits en développant ce qu’elles considèrent être la vérité.
Un travail soigneux d’investigation a donc été fourni par les sœurs Kunstler. C’est pourquoi la voix-off de la plus jeune d’entre elles (Emily), à la première personne, nommant William « Daddy », paraît incongrue. Le fait même que le documentaire soit réalisé par les filles de l’avocat souligne automatiquement une subjectivité du discours. Les mots d’affection qui lui sont adressés transforment progressivement William Kunstler : distrubing the universe en une œuvre sur le vécu et le ressenti des deux femmes tout au long de la carrière de leur père et non plus sur les choix professionnels de celui-ci. Après des années à se cacher, à cause des décisions dangereuses prises par l’avocat, on se demande si ce long-métrage n’est pas pour elles, le moyen d’assouvir quelques désirs narcissiques et d’exister, elles aussi, publiquement (à grand renfort de photos personnelles entre deux archives).
Le documentaire de Sarah et Emily Kunstler, parti d’une bonne intention, est porté par l’émotion des deux sœurs face à un père craint autant qu’admiré et qu’elles n’ont véritablement connu qu’au cours de la réalisation de ce film. N’ayant pas pu (ou su) se détacher du sujet - et cela se comprend - William Kunstler : disturbing the universe ressemble plus à une association d’images (montage haché), superposées les unes aux autres, qu’à un ensemble cohérent mené par une réflexion linéaire et nettement perceptible. Néanmoins, le pari des sœurs Kunstler est globalement réussi car, en plus de découvrir la personnalité de l’un des avocats les plus controversés du vingtième siècle, on comprend l’ambiguïté de ses choix et qu’en matière de justice, le manichéisme ne peut être de mise : c’est là toute la démonstration de William Kunstler en quarante ans de carrière sur les chapeaux de roue.
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