Le 4 octobre 2020
Un homme dévoré par la passion du jeu va rencontrer une femme à qui il va demander d’être son porte-bonheur. Pour son quatrième film de fiction, Barbet Schroeder s’intéresse de nouveau aux conséquences d’une addiction absolue.


- Réalisateur : Barbet Schroeder
- Acteurs : Jacques Dutronc, Bulle Ogier, Kurt Raab, Steve Baes
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Portugais
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 8 février 1984

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Résumé : Sur l’île de Madère, un homme (Jacques Dutronc) sort du casino au petit matin. Visiblement abattu, il titube pour aller se réfugier sous un pont où il s’écroule.
Critique : Barbet Schroeder réalise ici son dernier film en France avant de partir à Hollywood, où il réalisera de nombreux longs métrages, avec plus ou moins de réussite, dont le premier ne passera pas inaperçu : ce sera l’adaptation d’un roman de Charles Bukowski, Barfly, qu’il tournera avec Mickey Rourke et Faye Dunaway en 1987.
Encore une fois, le thème central de l’œuvre est l’obsession mortifère. Après la drogue dans More (1969), la quête du paradis (La vallée (1972) et le sexe Maîtresse (1976), le cinéaste s’attache à suivre un joueur compulsif qui ne vit que pour l’adrénaline que lui procure la roulette.
Elric (avec un "l" !), joueur connu comme le loup blanc dans quantité de casinos, risque gros, très gros, et semble ne pas se soucier de gagner ou de perdre, ou plutôt il a besoin de gagner gros pour pouvoir le reperdre aussitôt. Un jour où il est à sec au point de mettre sa belle montre au clou, il rencontre une petite aventurière, Suzie, (Bulle Ogier), qui lui tape dans l’œil principalement parce qu’elle a un chiffre "7" brodé sur sa veste.
Dans une mauvaise passe, Elric va persuader la jeune femme de l’accompagner en qualité de porte-bonheur, pendant quelques jours. La relation avec un tricheur "professionnel" (Kurt Raab) va bouleverser les rapports de ce couple inédit.
La mise en scène de Barbet Schroeder, qui a écrit le scénario avec Pascal Bonitzer (futur cinéaste lui-même) et Steve Baës, semble observer avec une certaine distanciation les aventures du binôme de joueurs qui alternent casinos et chambres d’hôtel impersonnelles, avec plus ou moins d’étoiles, selon les gains du moment. Le seul élément qui échappe à cette spirale obsédante est un château que le héros compte acquérir, le jour où tombera le très gros pactole.
Le regard porté sur Elric et Suzie ne prête guère à l’empathie. Ce ressenti ne va pas s’atténuer quand ils vont accepter d’organiser un système de triche. Ainsi, le film revêt une forme d’immortalité assumée plutôt gênante.
Jacques Dutronc traîne son spleen avec son habituel sourire qui disparaît quand le démon du jeu le dépasse et Bulle Ogier, désormais épouse du cinéaste, traverse le film avec une légèreté et une bienveillance étonnantes.