La maison Russie
Le 16 avril 2004
Trois siècles d’histoire racontés en un seul plan séquence dans le musée de l’Ermitage.
- Réalisateur : Alexandre Sokourov
- Acteurs : Sergey Dreyden, Mariya Kuznetsova, Valentin Bukin
- Genre : Historique
- Nationalité : Russe
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 1h35mn
- Reprise: 20 mars 2019
- Titre original : The Russian Ark
- Date de sortie : 26 mars 2003
- Festival : Festival de Cannes 2002
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– Sortie en version restaurée : 20 mars 2019
L’argument : Invisible pour son entourage, un réalisateur contemporain se retrouve plongé, comme par magie, dans le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg au début du 18e siècle. Il y rencontre un diplomate français du 19e siècle, génie acariâtre de passage. Les deux hommes entament un incroyable voyage dans le temps, à travers le turbulent passé de la Russie, qui les conduit jusqu’à nos jours. Les témoins de ce passé sans retour défilent, au hasard, des plus grandes figures historiques aux habitants les plus humbles de notre temps. Une promenade flottante où les passagers de ce navire fantôme apparaissent comme dans un rêve : un Pierre le Grand colérique, une Catherine II péremptoire, un humble ambassadeur de Perse, une Anastasia effrontée, un Nicolas II impérial et des gardes impassibles. Tous participent à cette histoire orientale du Palais d’Hiver. L’orchestre, dirigé de main de maître par un autre habitant célèbre de Saint-Pétersbourg, Valery Gergiev, reçoit une ovation générale.
- Copyright Celluloïd Dreams
Notre avis : Alexandre Sokurov nous entraîne dans ce monde un peu suranné, un brin désuet aussi, grâce à sa parfaite maîtrise de la caméra numérique. Un seul plan-séquence pour filmer huit cent soixante-sept personnages, dirigés par vingt-deux assistants réalisateurs, travaillant en mesure avec trois orchestres. Pour s’adapter au temps et à ce lieu magique, il fallait un tour de force ! C’est parfaitement réussi !
Au-delà des falbalas, musiques et danses, c’est aussi une réflexion sur le passé de la Russie, où l’on n’évoque qu’en deux phrases la période communiste, une "période très triste". Quelques remarques, en clin d’œil, sur la politique stalinienne, avec deux références au Chat, ainsi surnommait-on Staline aux yeux jaunes, cynique et cruel.
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Délibérément, le cinéaste met en scène une Russie perdue, une arche voguant à contre-courant d’une histoire à redécouvrir par un peuple qui en a été privé pendant si longtemps. Film poignant et nostalgique d’un passé luxueux dans un décor de rêve.
Dans les galeries filmées avec fluidité grâce à la steadycam, les hommes et les femmes se pressent, et le réalisateur et le diplomate (le Slave et l’Européen) se parlent sans s’écouter. Serait-ce le symbole de ces deux mondes qui se côtoient sans vraiment communiquer ? Le parti pris est clair et cela n’empêche pourtant pas l’amitié de se nouer peu à peu entre eux, lorsqu’ils admirent ensemble le galbe d’un sein sculpté, la courbe d’une main, un tableau ou une nature morte. La culture sauverait-elle un monde autiste ?
Le constat du cinéaste est pourtant amer. Son pays, comme figé dans un palais des souvenirs, doit recomposer son histoire et son identité. Une histoire qui nous appartient aussi, celle des emprunts russes et des folies des tsars de passage. Russie duelle que nous avons tous en tête, pays mystérieux, mais pas assez éloigné pour nous être indifférent. Un vrai régal pour les rêveurs et les amateurs d’art. On peut cependant regretter parfois, mais les conditions techniques l’expliquent, un jeu de lumière insuffisant sur les tableaux. Mais l’exploit est bien là. La Russie renaît, chatoyante sous nos yeux éblouis, faisant de ce film un chef-d’œuvre au milieu des chefs-d’œuvre.
Le DVD
Les suppléments : Un très beau making of nous fait pénétrer les coulisses de ce pari insensé. On y découvre les difficultés rencontrées par les équipes techniques (autonomie des batteries trop faible, projecteurs qui flanchent, épuisement du steadycamer, etc) ; de même que la petite touche numérique utilisée pour harmoniser l’aspect formel du film. Enfin, ce documentaire de quarante-deux minutes propose les dernières secondes du tournages et le soulagement presque douloureux qui s’empare de toutes les personnes impliquées.
Le DVD
– DVD 1 disque
– Format 1.85 16/9 compatible 4/3
– Son Dolby Digital français 5.1 et 2.0, russe 5.1 et 2.0
– Sous-titres français
– Chapitré
– Tous publics
- Copyright Celluloïd Dreams
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